Intriguée par le soutien presque sans faille des médias dont bénéficie chacun de ses ouvrages, j'ai décidé qu'il était temps de découvrir Bret Easton Ellis.De lui je ne connaissais que les adaptations cinématographiques de son "American Psycho" par Mary Harron avec Patrick Bale que j'ai beaucoup aimé et"Les lois de l'attraction" de Roger Avary qui ne m'a pas vraiment emballé.Puis voir chéri véritablement dévorer le dernier "Suite(s) impériale(s)" a fini de me convaincre.Sur ses conseils je suis donc remonté à la genèse des oeuvres d'Easton Ellis qui sembleraient ne faire qu'une.C'est ce caractère unitaire de son écriture qui m'a séduit car je reste persuadée que qu'au fond l'on n'écrit pas autre chose que ce que l'on est et qu'en réalité comme dit la chanson de Céline Dion "on ne change pas, on met juste les costumes d'autres sur soi".
J'ai donc abordé "Moins que Zero" avec un a priori plutôt positif.Découvrir "Moins que Zéro" vingt-deux ans après sa sortie c'est un peu comme si on lisait un mix entre les séries Beverly Hills 90210 et Gossip Girl couché sur papier à la première personne et dans un style un peu plus littéraire.Moins que Zéro c'est une tranche de vie en forme de puzzle sur la vie de la jeunesse dorée de Los Angeles en proie à l'alcool, la drogue, le sexe et l'argent facile des parents comme système d'éducation.
Elle est narrée par Clay fils de bonne famille absente, étudiant dans le New Hampshire (à l'université de Camdem) revenu passer les vacances de Noël dans sa famille, retrouve ses amis tous plus perdus les uns que les autres.Clay est tantôt acteur, tantôt spectateur de faits plus ou moins horribles ou étranges qui ne font qu'illustrer le mal être et la vacuité de l'existence de ces jeunes qui expérimentent sans cesse le pire pour se prouver qu'ils existent.Le livre oscille entre satire et introspection sous forme de longs passages de flashback écrit en italique qui font inévitablement penser à "l'attrape-coeurs" de Salinger et son jeune homme torturé.Quand on a lu ce dernier et vu les deux séries citées plus haut, on éprouve une certaine lassitude dans la première partie du roman, un sentiment de déjà lu ( "Hell" aussi de Lolitta Pille) ou déjà vu au cinéma avec des films comme "Alpha Dog" de Nick Cassavettes. Sentiment qui n'est pas atténué par un style littéraire original ou inédit mais qui disparaît dans la dernière partie du livre avec la mise en place d'une sorte de thriller auquel on ne s'attendait pas et dont on veut connaître la fin nous même pris dans une sorte de fascination presque malsaine pour l'issue que l'on suppose tragique.J'ai trouvé que le livre débutait de façon plutôt banale et je me suis même parfois ennuyée, mais il se termine d'une belle façon qui donne inévitablement envie de se jeter sur "Suite(s) impérial(e)s" sorti il y a quelques mois.Mais il parait que pour mieux la savourer il vaut mieux lire les autres romans de Bret Easton qui à leur façon préfigurent cette suite.Je n'ai donc pas voulu gâcher le plaisir qui fut le mien à la fermeture que "Moins que Zéro" et entamé directement "Les lois de l'attraction" qui s'il évoque les mêmes thèmes me semble pour ce que j'en ai déjà lu plus subtile, plus littéraire.Je pense que si j'avais lu "Moins que Zéro" il y a dix ans, le jeune âge de l'auteur au moment de l'écriture couplé au mien m'aurait en quelque sorte bluffé."Moins que Zéro" n'a pas mal vieilli pour autant, puisque me voilà plongée dans son univers qui à en croire les critiques n'a pas beaucoup changé.
Je poursuis donc "Les lois de l'attraction" et n'exclue pas de revoir le film...