Adeptes de la cool attitude et du name dropping, les Hipsters,
peuplade urbaine made in Williamsburg, n’ont jamais autant fait parler d’eux, y compris par les pipelettes que nous sommes.
Hipsters : le terme n’est pas nouveau. Ses origines remontent bien en deçà de l’Ipod et de Twitter, aux années quarante pour être précis. Il désigne ces
jeunes Blancs fans de jazz et de Charlie Parker auxquels succèderont les hippies par beat génération interposée. Puis, plus rien jusqu’en l'an 2000, date à laquelle ils renaissent de leurs
cendres mais sous un autre look. Moustache fine, chemise à carreaux rouges, Wayfarer, jean slim, le hipster 2.0 a rangé la guitare de Hendrix pour le synthé d’Arcade Fire et délaissé les
friperies des halles pour les concept stores du Faubourg Saint-Honoré. Plutôt graphiste que peintre et meilleur bloggeur que poète, plus volontiers dj que ténor, en tout cas artiste free lance,
ce bipède des mégapoles adopte la tendance avec une promptitude de puma et squatte les salles de spectacles indépendantes avec autant de zèle et de panache qu’un disc jockey. Parlez-lui de cet
artiste japonais complètement glucose dont vous raffolez, il vous tiendra la jambe deux heures sur le sujet. Évoquez le dernier Canet, il vous regardera comme si vous débarquiez de votre sous-préfecture. Eh oui, le hipster
snob et avant-gardiste, pote à ses heures de Wes Anderson et de Xavier Dolan, arrière-petit-cousin de Barack Obama et de John Cassavettes, raffole de la culture underground et du cinéma
d’auteur. Il pratique avec brio le « je préférais avant », car il a tout vu, tout fait, tout entendu, tout lu et bien sûr tout jugé avant vous. Ce qui n’est pas sans rappeler
notre actuel bobo, à ceci près que le hipster est plus djeun, et point encore préoccupé à soigner sa déco en ramassant les vieux fauteuils sur un coin de trottoir.
Bref, hipster, encore un de ces néologismes fourre-tout de journaleux, un de ces termes volatils qui s'envolent à la moindre tentative de définition. Mais une
occasion de pipeleter, n'est-ce pas ?