Maurice Scève | Le phénix

Publié le 06 janvier 2011 par Angèle Paoli
«  Poésies d'un jour

  LE PHÉNIX

  « De mort à vie. »

  XCVI

« Te voyant rire avecques si grand’ grâce,
Ce doux souris me donne espoir de vie,
Et la douceur de cette tienne face
Me promet mieux de ce dont j’ai envie.
  Mais la froideur de ton cœur me convie
À désespoir, mon dessein dissipant.
Puis ton parler, du Miel participant,
Me remet sus le désir qui me mord.
  Parquoi tu peux, mon bien anticipant,
En un moment me donner vie et mort.

  DIDO QUI SE BRÛLE

  « Douce la mort qui de deuil me délivre. »

  CXIV

« Ô ans, ô mois, semaines, jours et heures,
Ô intervalle, ô minute, ô moment,
Qui consumez les durtés, voire seures,
Sans que l’on puisse apercevoir comment,
Ne sentez-vous que ce mien doux tourment
Vous use le Cœur au plaisir qu’il reçoit
Se vient lui-même à martyre livrer,
Croire faudra que la mort douce soit
Qui l’âme peut d’angoisse délivrer.

  LA GIROUETTE

  « Mille révoltes ne m’ont encor bougé. »

  CXXXII

« Le bon Nocher se montre en la tempête,
Et le Soudard au seul conflit se prouve ;
Aussi Amour sa gloire et sa conquête
Par fermeté en inconstance éprouve.
Parquoi souvent en maints lieux il me trouve
Où au-devant me présente un objet
Avec si doux et attrayant sujet
Que ma pensée à peu près s’y transmue,
Bien que ma foi, sans suivre mon projet,
Ça et là tourne et point ne se remue.

Maurice Scève, Délie, Éditions Gallimard, Collection Poésie, 1984, pp. 105, 115, 125. Édition de Françoise Charpentier.


■ Maurice Scève
sur Terres de femmes

Maurice Scève | Tant je l’aimai
→ Jeu d’échange poétique entre Maurice Scève et Pernette du Guillet



Retour au répertoire de janvier 2011
Retour à l' index des auteurs

» Retour Incipit de Terres de femmes