Brève lettre à Sa Majesté le Moi.
Publié le 25 mars 2007 par Atlas
Sire,
Humblement, je viens par la présente vous relater quelques histoires qui touchent, tant bien directement qu’inévitablement, la question de votre règne.
Tanger, la ville où je suis né, se rappelle toujours cet âge où les femmes comme maman, n’ayant pas quoi faire en dehors de chez elles, leur suffisaient de mettre la
tablette de pain cru devant le seuil de la maison pour que le premier passant l’amène en sécurité au four, où travaille forcément un gentil jeune homme qui le ramenait juste avant le temps du
repas, si papa ne passait pas le chercher auparavant.
Là aussi, il suffisait au mendiant de s’asseoir devant une porte pour se trouver servi, parfois de chez les voisins d’en face qui anticipaient, d’un repas aussi copieux qu’il est
possible.
A Laâyoune, où je me suis teinté de soleil et de bonnes valeurs, tous les grands étaient des ennemis. Ils remplaçaient papa à chaque fois que l’un d’eux était là, la correction
nous menaçait de partout. Enfants, nous étions les fils et les filles de tous.
Pas plus tard que quand nous prendre en charge commençait à contraindre le misérable salaire de papa, j’ai trouvé dans son journal intime une citation collectée quelque part
résumant qu’il vaut mieux que le père soit victime de ses enfants qu’ils le soient eux de lui.
Désormais, tout devient commerce et calcul. Et d’une médiocrité mathématique irrémédiable. Nos chansons ne parlent que de notre soif personnelle et insurmontable, prétextée
par l’amour, le chagrin et la liberté. Nos maximes les plus vénérées ne sont qu’une redondance de cette déclaration insolente de l’individualisme. Notre télévision a fait de cela une épice
captivante saupoudrée sur les malheurs des déchirements familiaux.
Sire,
Humblement, me voici qui me défais de l’allégeance que je vous dois loin du groupe où je dois être, car simplement contré où je suis, il m’est inconcevable ce sentiment de
sécurité et de paix, surtout que j’ai erré auparavant dans la bienveillance entretenue collectivement par mes pareils, qui ne s’estimaient ainsi qu’en tant qu’unis avec les
autres. Secourez donc votre règne Sire. Ne laissez point l’égoïsme qui nous vous oblige se sécularise en une philosophie individuelle après qu’il était l’essence d’une adoration
massive.
Votre serviteur : S. ATLAS.