Ph., G.AdC
LE POÈME EST UNE OREILLE
Le poème est une oreille
et non une bouche
car l’homme est né
d’une oreille qui voit
et toute oreille copie l’enfant
qui tourne dans le ventre d’une étoile
qui cherche le ciel qu’elle n’a pas
Seule la bouche capable de devenir une oreille
est une vraie bouche
Je parle
Tu parles
comme une étoile
Nous conjuguons la nuit
Le poème non né de l’oreille
n’a pas de mains dans les yeux
ne marche pas avec les pieds
arrache les langues
et bâillonne les bouches
fermées dans les baisers
Les cinq façons de marcher
celle du pied à la bouche
celle de l’oreille à l’œil
celle du pied à l’oreille
celle de la bouche à l’œil
celle du pied à l’œil
ne mènent pas toutes
au ventre de l’étoile
La gauche et la droite du feu
se rejoignent
dans la main épaisse du ciel
et retournent les oreilles
qui n’ont pas entendu
Serge Pey, La Main et le Couteau, 1997, in Arlette Albert-Birot | Serge Pey, La bouche est une oreille qui voit, Jean-Michel Place/Poésie, 2006, pp. 84-85.
■ Voir aussi ▼
→ le site officiel de Serge Pey
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