Magazine Journal intime

Je chante

Publié le 10 janvier 2011 par Anaïs Valente

C’est pas nouveau, je chante tout le temps.  Surtout au bureau. Et bien souvent les mêmes airs, comme par exemple (et je transforme bien souvent les paroles) « rikiki les petits kiwis, les baba de mes baobabs », ou « j'ai perdu la tête depuis que j'ai vu Suzette » ou bien « je ne veux pas abandonner mon bébé », ou alors l’hymne national anglais (dont j’ignore les paroles, me contenant de faire des la la la) ou celui-ci « aux armes citoyens, sortez vos bataillons » (qui non, n’en déplaise au premier minisss’ belch’, n’est pas notre hymne national, mais celui de nos amis français – ah ah ah, cette expression « nos amis », j’adoooore, ça me fait trop rire quand je l’entends en France, alors permettez que je la replace) ou encore un air de Noël fredonné quelle que soit la saison.  Sans oublier les morceaux d’actu, ceux qui passent en radio et me restent en tête toute la journée…

Ce qui justifierait, je le concède, que mes collègues rédigent une pétition pour me faire virer.  D’autant que cette maladie est vachement contagieuse (pire encore que la grippe qui me terrasse en ce moment et leur épargne au moins ma présence, à mes chères collègues, vu que j’entame ma seconde semaine au lit), car, depuis quelques mois, Mostek s’y met de plus en plus.  Et commence à avoir des airs ringards en tête.

Elles ne l’ont pas encore fait (signer une pétition), je suis sauvée, pour l’instant.

Et ces derniers temps, avant de tomber – patatras – malade, je chantais « je chante ».

« Je chante, je chante soir et matin, je chante, sur les chemins ». 

De circonstance pour une (mauvaise) chanteuse telle que moi, qui, en effet, chante soir et matin…

Donc je chantais « je chante ».  Et Mostek m’accompagnait.

Cette mélodie, elle met de bonne humeur, elle est joviale, dynamique, motivante pour gérer de passionnants dossiers et téléphoner à de sympathiques clients toujours accueillants et heureux de m’entendre.

Puis, alors que je chantais « je chante », un collègue est entré dans le bureau.

Nan, il n’a pas été étonné, il a l’habitude de l’animation étrange qui règne dans mon bureau (et comme on le dit toujours avec Mostek « keskon se marre » - version joyeuse, ou « heureusement qu’on se marre un peu sinon… » - version déprimée).

Mais mon collègue, il m’a dit « tu connais les paroles de cette chanson ? »

Et j’ai répondu non.

Enfin, à part « Je chante, je chante soir et matin, je chante, sur les chemins », bien sûr.

Il m’a expliqué ce qu’il en était.  Je suis tombée des nues.  Littéralement tombée des nues.  Et, comme je le fais à chaque interrogation de mon existence (enfin celles auxquelles Google peut répondre, donc des questions existentielles genre « comment appelle-t-on le bébé du koala ? », « quelle est la capitale de la France ? » ou « combien de calories brûle-je en matant un épisode de Gossip Girl ? », et pas les questions existentielles genre « pourquoi suis-je sur cette putain de planète bleue qui n’est pas toujours rose ? »), j’ai été interroger mon tendre ami Google.

Et j’ai trouvé.  Et lu.  Et pleuré.

Ce qui est chouette, parfois, avec la vie, c’est que chaque jour on apprend quelque chose.  Ce jour-là, j’ai appris combien les paroles de « je chante » étaient touchantes. 

Je chante (Charles Trenet)

Je chante !
Je chante soir et matin,
Je chante sur mon chemin
Je chante, je vais de ferme en château
Je chante pour du pain je chante pour de l'eau
Je couche
Sur l'herbe tendre des bois
Les mouches
Ne me piquent pas
Je suis heureux, j'ai tout et j'ai rien
Je chante sur mon chemin
Je suis heureux et libre enfin.
Les nymphes
Divinités de la nuit,
Les nymphes
Couchent dans mon lit.
La lune se faufile à pas de loup
Dans le bois, pour danser, pour danser avec nous.
Je sonne
Chez la comtesse à midi :
Personne,
Elle est partie,
Elle n'a laissé qu'un peu d'riz pour moi
Me dit un laquais chinois
Je chante
Mais la faim qui m'affaiblit
Tourmente
Mon appétit.
Je tombe soudain au creux d'un sentier,
Je défaille en chantant et je meurs à moitié
"Gendarmes,
Qui passez sur le chemin
Gendarmes,
Je tends la main.
Pitié, j'ai faim, je voudrais manger,
Je suis léger... léger..."
Au poste,
D'autres moustaches m'ont dit,
Au poste,
"Ah ! mon ami,
C'est vous le chanteur vagabond ?
On va vous enfermer... oui, votre compte est bon."
Ficelle,
Tu m'as sauvé de la vie,
Ficelle,
Sois donc bénie
Car, grâce à toi j'ai rendu l'esprit,
Je me suis pendu cette nuit... et depuis...
Je chante !
Je chante soir et matin,
Je chante
Sur les chemins,
Je hante les fermes et les châteaux,
Un fantôme qui chante, on trouve ça rigolo
Je couche,
Parmi les fleurs des talus,
Les mouches
Ne me piquent plus
Je suis heureux, ça va, j'ai plus faim,
Heureux, et libre enfin !


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