Il y a cette minette blonde qui fume une cigarette contre un mur, un pied sur le sol, l'autre contre le plâtre, dans le trou de la façade où coule une gouttière : c'est Flore.
Elle a les cheveux courts des garçons et ce quelque chose que les autres filles n'ont pas.
Elle en a fait naître des querelles et des bagarres : les voyous l'aiment bien, avec ses jeans, ses t-shirts blancs _ elle n'a jamais froid _ et ses petits seins dessous.
Elle est jeune, la bouche ouverte, tête nue.
Elle fume.
Parfois elle porte une gavroche.
Elle toisent les fripouilles du haut de son petit mètre soixante, le pied dans les glaïeuls, l'autre toujours contre quelque chose : jamais posée au sol, elle lévite alors que les autres essayent de l'attraper constamment.
Elle, elle s'en fout, elle fait couler la fumée dans sa gorge et en fait des anneaux argentés qui s'apparentent en volutes aux nuages qu'ils rejoignent.
Elle sourit comme une enfant qu'elle est.
Et quand elle jette sa clope à demi fumée dans la flaque, les gredins s'insurgent sur le drame vécu mais tous lui pardonnent car elle est d'ailleurs et féconde à sa façon l'admiration des fripouilles.
Tous la veulent, tous la désirent, mais Flore n'y compte guère : elle compte les aventures, profite du monde et de sa façon si particulière de tourner.
Elle a deux grains de beauté sous le sein droit.