Jerome bosch (1453-1516)

Publié le 19 janvier 2008 par Lauravanelcoytte

Jerôme Bosch
"L'Extraction de la Pierre de Folie"
48 x 35 cm
© Musée du Prado
Madrid

De son véritable nom Hieronymus Van Haken, Jérôme Bosch est né dans une famille modeste originaire d'Aix la Chapelle, venue s'installer en Pays Bas deux siècles plus tôt.
Son grand-père Jan Van Haken et son père Anthonis Van Haken ont exercés déjà le métier de peintre, quand Hieronymus naît vers 1453 à S'Hertogenbosch au Pays Bas. On sait assez peu de chose sur sa vie, mais on sait qu'il se marie vers 1478 avec une aristocrate qui lui permet d'accéder à un statut social plus enviable et à une certaine sécurité matérielle. Vers 1486, Jerôme Bosch est cité comme membre d'une confrérie, "La Confrérie Notre Dame", proche d'une secte hérétique "Les Frères du Libre-Esprit".


Une citation de 1509 dans les registres de "La Confrérie de Notre Dame" le fait apparaître comme étant "Jheronymus Van Haken, le peintre qui signe "Bosch". C'est peut être pour se différencier des peintres de sa famille, mais aussi des villes des écoles néerlandaises qu'étaient Bruges, Louvain ou Tournai qu'il prend pour nom de peintre le nom de "Bosch" qui signifie "bois".
Si l'origine de l'art et de son évolution stylistique est assez complexe, le difficulté est accrue par le fait qu' aucune oeuvre n'est datée et que de nombreux panneaux qu'il a peint ont été détruits. La chronologie de son oeuvre est difficile à établir et repose en partie sur des hypothèses.


On ne sait que très peu de choses d'abord sur la période d'apprentissage de Jérôme Bosch, dont on peut cependant dire qu'elle n'a pas pu échapper d'abord à l'influence exercée par les oeuvres de son père. On peut supposer par ailleurs, que bien qu'on ne sache rien de sa formation ou de ses déplacements hors de sa cité natale qui l'auraient mis en contact avec d'autres artistes de son époque. Ses tableaux sont très marqués par les représentations du bien, du paradis, du mal, du vice, de la douleur, de la souffrance, propre aux préoccupations médiévales de son temps. Le salut, le jugement dernier, l'attente de l'avenir, de la mort ou de la fin du monde, prennent chez lui une forme très différente des peintres qui sont ses contemporains : tels les frères Van Eyck, Rogier Van der Weyden ou Memling, mais encore Dürer ou Léonard de Vinci. Ce n'est pas une résignation pieuse propre au Moyen-Age qui s'exprime chez lui, comme dans de nombreuses oeuvres de cette époque, mais à l'inverse, une interrogation par la représentation morale de la responsabilité des hommes ici bas, et ainsi en quelquesorte une ouverture à la modernité.

En ne pouvant le rattacher à aucune école artistique, il constitue en lui même peut -être une rupture avec le monde médiéval, par son appel à un nouveau monde au travers la symbolique et le langage qu'il utilise. On peut rapprocher certains détails de son oeuvre au rendu de certains visages ou de certains paysages que l'on trouve chez Rogier Van der Weyden de Bruxelles, ou Le Maître de Flémalle d'Anvers, ou encore Hugo Vander Goes, et on peut aussi trouver aussi quelques similitudes avec les peintres de l'Ecole de Delft. Ce que l'on peut dire, c'est sans doute que l'art de Jerôme Bosch trouve son origine dans un style gothique qui marque l'ensemble de l'art européen au début du XVème siècle : les tons clairs, les traits délicats, le traitement des drapés.



Jerôme Bosch
"Le Jugement Dernier " ( détail)
Triptyque - Panneau Central
© Akademie der Bildenden Künste
Vienne


Mais ce qui différencie Bosch, ce sont les représentations de figures monstrueuses construites à partir de gravures de bestiaires du Moyen-Age : pattes d'insectes, plumes et becs d'oiseaux, têtes de reptiles ou de batraciens, membres humains, mais aussi machines fantastiques ponctuent son oeuvre dans des paysages chaotiques. Les visions de certains prédicateurs de son époque peuvent aussi être rapprochées de l'univers pictural de Jerôme Bosch, telles celles d'Alain de La Roche qui meut en 1475, pour qui les insectes et les animaux sont les représentations des vices et des péchés. On ne peut séparer non plus l'oeuvre du peintre par rapport à un contexte religieux et théologique qui voit l'arrivée de Luther en Allemagne, pour qui le pêcheur ne peut se sauver que par la foi qu'il met lui même en Dieu, et par la grâce que celui-ci lui accorde, et contre qui s'oppose Erasme en Hollande qui défend le libre arbitre de l'homme, la raison et la foi, dans un livre paru en 1511 "L'Eloge de la Folie.

Les rares repères chronologiques que l'on posséde reposent sur quelques commandes qui ont été faites à l'artiste entre 1488 et 1491 : notamment  les volets d'un retable que Bosch réalise pour"La Confrérie Notre Dame", et en 1504, "Le Jugement Dernier " réalisé pour Philippe le Beau, Roi des Pays bas et de Castille.
Une oeuvre telle que "La crucifixion" est de facture encore classique et se rapproche des thèmes et des représentations des peintres flamands du début du XVème siècle, dans une composition simple et des perspectives conventionnelles. Il s'agit probablement d'une oeuvre de jeunesse peinte peut-être au début des années 1480.


On attribue également à une première période de Jérôme Bosch, un plateau de table représentant les "Septs Péchés Capitaux " dont la composition en médaillons avec des scènes disposées en cercle représentent les péchés et les menaces qu'ils représentent. Cette oeuvre semble figurer, dans un ensemble à vocation décorative, et pour celui qui s'approche de cette table, ce qui pourrait être l'oeil du Christ, dans lequel se réflète toutes les bassesses humaines, et toutes les fautes de celui qui regarde.

"L'Extraction de la Pierre de Folie", montre qu'en dehors des péchés, il y a aussi d'autres menaces : la crédulité, la stupidité, l'absurdité, la bêtise ou encore la folie, qui conduisent les hommes à s'en remettre à des charlatans ou à des médecins peut-être tout autant fous, et représentés avec un entonnoir sur la tête, entourés qu'ils sont des religieux tout autant douteux quant à leurs connaissances.
" L'Escamoteur " est une oeuvre qui semble dénoncer l'incrédulité, l'indolence, la passivité, l'égarement, et l'apparence immédiate, dans un oeuvre qui vient en contrepoint à " L'Extraction de la Pierre de Folie".