©Eva Peel
Sylvette détestait se cacher dans la penderie, mais avait-elle le choix ? Elle venait d’entendre la voix de Madame au loin. Mon Dieu, sa maîtresse était déjà rentrée ! Pas de doute, si elle découvrait Sylvette dans sa chambre, vêtue de sa plus belle combinaison, tout en dentelle noire et en soie rose, en train d’essayer sa dernière paire de bottines rouges, c’était le renvoi assuré ! Les craquements de plancher se rapprochaient. Vite, mieux valait se cacher que d’être surprise en flagrant délit ! Sylvette jeta un rapide coup d’œil autour d’elle à la recherche d’une éventuelle cachette. C’était sous le lit, le coffre ou la penderie. Sous le lit, c’était trop visible. Le coffre, impossible : il ne s’ouvrait qu’à l’aide d’une clef. Ne restait plus l’immense penderie. Alors ni une ni deux, Sylvette récupéra ses propres affaires au vol, saisit les bottines tant désirées et se réfugia dans l’armoire. Ouf, sauvée !
Après tout, elle ne faisait rien de mal. Elle s’amusait juste à mettre les colliers de Madame, ses hauts talons et ses robes fanées. Non, elle ne volait rien, elle empruntait, c’est tout. Et puis, elle prenait bien soin de prendre des chaussures que Madame ne mettait plus ou des robes qu’elle avait aussi vite délaissées une fois mises. La plupart du temps, Sylvette ne les portait même pas. Elle gardait la robe « empruntée » dans sa chambre pour un temps, accrochée à un cintre et rêvait de ce qu’elle n’était pas. Pas encore…