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Lu dans la presse:Faire rêver

Publié le 13 janvier 2011 par Lauravanelcoytte

Par Etienne De Montety
13/01/2011 | Mise à jour : 11:58

Partira, partira pas; gagnera, gagnera pas. Depuis plusieurs semaines, la Côte d'Ivoire est devenue une scène où se joue une tragi-comédie. De la présidence ou de l'hôtel du Golf, les deux antagonistes invoquent les mêmes grands principes pour se justifier. C'est un imbroglio à l'africaine. On y pensait en lisant L'Épopée de Gabriele D'Annunzio, le reportage qu'Albert Londres consacra à un épisode aussi confus que la situation à Abidjan: l'occupation de la ville de Fiume par l'écrivain italien en 1919. La SDN voulait que Fiume soit un État indépendant. D'Annunzio voulait la rendre à l'Italie et prit la ville à la tête d'une petite troupe. Là aussi, les grands principes s'affrontèrent. La communauté internationale contre le patriotisme, la démocratie contre l'histoire. L'orgueil des hommes joua son rôle. La France, l'Angleterre, les États-Unis s'en mêlèrent. Albert Londres était sous le charme de D'Annunzio. Officiellement, celui-ci était le vilain canard, qui bafouait le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Mais le journaliste s'emballa: «Les Italiens aiment son éloquence. Ils aiment sa franchise, qui éternue en plein dans les figures, surtout si elles sont de la Société des nations.» Son enthousiasme lui coûtera son poste: Clemenceau obtint sa tête au Petit Parisien. Pensez ! C'est le traité de Versailles qui était en jeu. Londres continua de suivre pour l'Excelsior cette entreprise passionnée, fasciné par le poète, son goût du théâtre et son charisme qui poussait les foules à découper sa cape, comme une précieuse relique. Épopée contre légalité: «C'est une expédition littéraire, disait l'homme d'État. Je ne dis pas non, mais c'est une littérature dangereuse qui a beaucoup de lecteurs.»


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