Pour faire suite à l’article sur le cycle de l’Eglantine de la semaine dernière (et où on ne voyait pas le prince embrasser la belle au bois dormant), je vous propose ce baiser. Il s’agit d’une peinture réalisé par Carolus-Duran (si vous passez par Lille, je vous invite à aller la voir directement au Musée des beaux-arts – et surtout à me prévenir que vous êtes dans le coin, je me ferais un plaisir de vous accompagner ;) ).
Pour la bio de Carolus-Duran, je vous renvoie comme toujours à sa fiche wikipedia (je n’aime pas copier ce qui est très bien résumé ailleurs
).Je ne vous le mets pas seulement parce que c’est un baiser (oui, un baiser c’est fleur bleue) mais surtout parce que ce que vous voyez là, c’est un autoportrait du peintre et de sa femme. C’est même une véritable ode à sa nouvelle femme (le portrait date de 1868, année de leur mariage).
Le corps blanc et lumineux se détache très clairement sur le fond sombre. La composition place la jeune femme dans sa robe de mariée au premier plan, il n’y a presque que des courbes dans la composition : entrelacement des bras, les cheveux défaits, vêtements froissées… Ce qui rend l’atmosphère très douce et tendre malgré l’important contraste noir/blanc.
Ainsi au premier abord, on croit la composition très horizontale, terre à terre, à cause du corps de la femme qui coupe la toile en 1/3-2/3 (c’est une composition classique : 1/3 de « sol », 2/3 de « ciel » ), mais en réalité, elle s’est une envolée vers le ciel : la composition triangulaire double pousse le regard vers le haut. Et si vous suivez l’enchaînement des mains (ce que le peintre vous invite à faire puis qu’il regarde vers le bas où se trouve l’épaule de sa femme), c’est une véritable spirale montante ! (normal… vous croyez qu’ils vont faire quoi après ? Elle est habillée en mariée, le bouquet de noces est en bas à droite… C’est leur nuit de noces évidemment ! )
Il faut savoir que Carolus-Duran est un admirateur inconditionnel de Vélazquez, on remarque cette influence dans le traitement des visages : le visage de l’homme est encadré de blanc (le bras de sa femme à gauche, son propre vêtement à droite) comme s’il s’agissait d’une fraise d’un portrait du peintre espagnol. (ci-dessous le portrait du duc d’Olivares)
Le traitement de la robe blanche et de la mantille pourpre de la femme rappelle aussi un autre tableau de Vélazquez que Carolus-Duran devait connaître : Le Portrait du Pape Innocent X
La fleur piquée dans les cheveux est le centre de la composition. C’est une fleur rose : le rose dans le langage des fleurs expriment toujours un amour timide, lié à l’innocence à la découverte. C’est loin du rouge de la passion (qui exprime bien plus la passion physique et sans retenue), mais ce n’est plus la pureté du blanc. C’est un mélange des deux.
Dans le langage des fleurs également, les fleurs de ce type (rose anglaise, camélia ou pivoine) exprime la simplicité et la beauté. J’avoue que je ne sais pas si c’est une rose (l’amour), un camélia (rose qui symbolise l’admiration – sa femme, Pauline, était elle-même artiste) ou une pivoine (la timidité). Pour le bouquet de fleurs, il faudrait également que j’aille le voir en détails sur place pour en repérer les fleurs (et savoir ce que tout cela signifie). Mais une chose est sûr : c’est un portrait tendre et amoureux d’un mari et de sa femme.
Après cette magnifique scène de mariage, demain nous visiterons un site qui vous donnera envie !