Petits Extraits des travaux en cours

Publié le 14 janvier 2011 par Paumadou

Je mets régulièrement à jour mon compteur d’écriture (dans la barre de droite), je me plains beaucoup sur twitter (oui, j’ai un compte twitter pour révéler au monde mes découvertes fondamentales comme le fait que « s’extraire » ne se conjugue ni au passé simple, ni à l’imparfait du subjonctif !)

Je fais aussi des bilans de l’initiative 250words de Nathalie (avec mon objectif perso d’écrire minimum 500 mots 5j/7 pendant un an), mais c’est du baratin tout ça ! Vous pourriez exiger des preuves !

Pas la peine d’exiger, je vous en donne quelques unes bien volontiers.  Depuis le début de l’année donc, j’ai travaillé sur 2 textes (oui seulement) : un roman L’Enfant du Louvre et un témoignage sur l’annonce de sa grossesse au futur papa. Je vous laisse aller lire le témoignage directement chez Eurêka (il devrait être publié sous peu, en attendant vous pouvez en lire d’autres) et vous mets quelques extraits du roman en cours (je rappelle : c’est un premier jet avant correction).

Extrait du Chapitre 1 : Gaston est veilleur de nuit dans un musée. Lors d’une ronde, il trouve une petite fille dans les salles qu’il surveille.

« C’est une torche. Ça sert à éclairer la nuit, quand il n’y a pas de lumière. »
Le barbu tendit l’objet à l’enfant qui s’en saisit. Le contact de la peau juvénile contre ses doigts le fit frissonner. C’était chaud, vivant. Une véritable enfant, là juste devant lui, sans qu’aucun adulte ne soit dans les parages. La lampe de poche fut attentivement observée sous toutes les coutures.
« Myriam, tu dois me suivre, je vais te ramener au poste des gardes. De là, on appellera tes parents…
- Non ! »
Elle s’était levée d’un bon, provoquant la chute sur son séant du vieux gardien déséquilibré par la surprise. Le cri de l’enfant résonnait encore dans la pièce.
« Ma petite, tu dois me suivre, je peux pas te laisser seule dans le musée. C’est interdit. »
Alors qu’il tenta d’agripper le bras de la gamine, celle-ci recula d’un pas. Mal-aisément assis sur le sol, Gaston tenta de se remettre debout pour saisir l’enfant. Mais elle s’éloignait de plus en plus, disparaissant progressivement, à reculons, dans la pénombre.
« Myriam, je ne te veux pas de mal. Mais tu dois me suivre.
- Non ! »
Tournant les talons, elle s’évanouit telle qu’elle était apparue, sans que le vieil homme ne sache par où elle s’était enfuie. Un bourdonnement strident commença à lui déchirer les oreilles. L’alarme s’était remise en route.

Extrait du Chapitre 3 : Une alarme s’est déclenchée (encore).

Louis XIV était un vieil ami des gardiens, et l’objet d’une moquerie constante. En effet, depuis la rénovation, l’immense portrait du roi Soleil trônait dans une petite salle d’angle vers laquelle on accédait par des escaliers. Un bizutage, instauré par les anciens, consistait, le premier soir d’un nouveau veilleur de nuit, à transmettre un message de l’au-delà. Laissant croire que cette salle était hantée, qu’il s’y passait de drôles de choses (que l’alarme s’y déclenchait très souvent par accident, par exemple). Cette salle arrivait en fin de tournée. Le bizuté ayant déjà parcouru dans le noir de nombreuses pièces peuplées d’êtres étranges, aux parquets bruyants, son imagination s’enflammait rapidement (la présence dissimulée des anciens provoquant murmures et bruits étranges y jouait également pour beaucoup). Ainsi, lorsqu’il arrivait devant le portrait du grand souverain, ce n’était bien souvent que dans un état troublé et assez peu assuré. Facile alors d’effrayer le nouveau venu. Parfois, la plaisanterie revenait lorsque l’alarme se déclenchait accidentellement, notamment aux anniversaires ou pour célébrer une augmentation. Vous ne pouvez peut-être pas comprendre, c’était un humour propre aux gardiens de nuit.

Grimpant presque d’un bond les quelques marches pour accéder à la salle, Gaston se demanda s’il ne s’agissait pas là d’une de ces blagues potaches qui marquaient le quotidien des nuits du musée. Même si ses collègues s’étaient toujours gardés de jouer à cela avec lui. Tous pensant qu’il ne l’apprécierait pas. Encore un aspect de sa personnalité qu’il tenait à conserver. Cela évitait une trop grande familiarité avec eux. Mais personne ne vint lui murmurer que la fin du monde était prévue pour le 1er avril 2054 ou que Julio Iglesias était l’héritier légitime du trône de France. Non, la pièce était parfaitement silencieuse. Ou presque. Quelqu’un pleurait. La respiration haletante et humide était discrète et pour une oreille peu attentive aurait été couverte par la climatisation.

« Myriam, c’est toi ? »

Extrait du Chapitre Maudit (le 9) : J’ai eu du mal avec celui-là et il est trop court, mais je l’ai vaincu ! Gaston et la fillette discutent.

« Ça me fait plaisir. Tu souris.
- Et bien, oui, je souris, Myriam. Pourquoi est-ce que ça t’étonne ?
- Au début, tu m’aimais pas. Tu souriais jamais. »
Gaston reposa ses yeux sur le paysage, Notre-Dame s’éteignait au loin tandis que l’horizon se teintait d’orange. C’était une enfant, mais elle était bien plus mature que ceux de son âge.
« C’est vrai, je ne souriais pas beaucoup. Mais ça ne voulait pas dire que je ne t’aimais pas. Je n’avais pas envie de sourire, c’est tout.
- Pourquoi ?
- J’étais triste.
- Et tu ne l’es plus ?
- Si. Mais, tu m’apportes un peu de joie, alors je souris.
- Tu es triste, mais tu souris.
- Oui, parce que là, juste en ce moment, j’ai envie de sourire. Ça me fait du bien. »
Le mou curieusement contrariée de la gamine se tourna vers le vieil homme.
« C’est bizarre.
- Quoi ? Être triste et heureux à la fois ?
- Oui. Moi, je peux pas.
- Mais bien sûr que tu peux. Mais tu ne t’en rends pas compte, c’est tout.
- Tu crois ?
- Bien sûr. Tu es heureuse, là, tu souris ?
- Oui parce que j’aime bien que tu sois là.
- Mais tu es triste aussi. De temps en temps, tu penses à ta maman, et ça te rends triste, n’est-ce pas ? »
La masse noire et floue des cheveux acquiesça en se recroquevillant contre la poitrine de l’adulte. De discrets diamants pointèrent aux creux des grands yeux de l’enfant.
« Ne pleure pas, Myriam.
- Maman m’en voudrait de savoir que je m’amuse…
- Ne soit pas idiote. Tu as le droit de jouer, d’être heureuse et de rire. Ça ne t’empêche pas de penser à elle et d’être triste. »