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Quodvultdeus

Publié le 14 janvier 2011 par Banalalban

C'est à la vue de ce cul tant déculant que j'ai commencé à me sentir mal comme d'autres, non pas que la vision des anus révulsés m'ait un jour excité, mais celui-ci, dans la façon qu'il avait de dégorger une bonne part de l'intestin de manière si indécente, m'a véritablement soulevé le cœur jusqu'à m'atteindre l'âme.


Les soirées de Quodvultdeus sont connues du tout Lyon et même du tout Paris où leur réputation se répand de manière conséquente dans les milieux libertins _ des plus modestes aux plus organisés _ sans pour autant toucher la province profonde, l'homme tenant à organiser spécifiquement des soirées de cités pour le cul et la culture, les villages, on le sait bien, s'avérant souvent décevants sur ce dernier point.

Il faut dire que l'hôte sait s'y prendre et de toutes les manières. De part la qualité du lieu _ un hôtel particulier majestueux et immense du centre Lyon _ si joliment décoré et intelligemment achalandé : Quodvultdeus tend de longues tapisseries en velours rouge délicatement ouvragées-dorées pour créer de manière pertinente une ambiance chaleureuse et intime propice et sainte. De longs rideaux de fils noirs séparent les chambres dont les portes ont été enlevées _ les chambranles autorisant les accroches les plus insolites_ et des miroirs sont installés dans tous les coins de telle sorte que, d'où qu'on soit, d'où qu'on baise, on peut voir ce qui se passe ailleurs d'un gentil coup d'œil quand ailleurs les organes. De longues banquettes et bat-flancs ont été posés et de nombreux lits immenses arrangés sous des draperies de soie ou des damassés pourpres, rouges, bordeaux, grenats, parcellent l'ensemble en rendez-vous. Une balancelle curieuse tombe du plafond de la pièce principale du troisième étage, tenue par de lourds crochets et de la même façon des chaines pendent mollement sur tous les murs : on s'y pend parfois, sinon c'est un bout d'écharpe que l'on coince à un montant et qui fait bien l'affaire pour les strangulations ou plus sagement les engorgements. Un lit particulier à baldaquins mauves avec des échardes en bois qui griffent et s'enfoncent. De l'encens _ Quodvultdeus est un grand voyageur _ est diffusé par un système ingénieux qui court à l'intérieur même de tout l'hôtel _ chambre après chambre_ et qui le parfume dans son entièreté, du sous-sol au grenier, avec les plants de jasmin et les arganiers. Des espaces dînatoires s'égrainent tels les billes d'un chapelet, sur toute la surface et parfois à même le sol : on y trouve du champagne bien sûr, dans des coupes de cristal taillé, des fruits encorbeillés en grappes, chatons, cornes d'abondance, de tout petits raisins dans des bols en ivoire, des copeaux de gingembre crû et confit et des fraises beaucoup mais aussi, et cela va de soi, de l'absinthe. Des drogues de toutes sortes sont a disposition et des seringues en verre sont très explicitement proposées dans des présentoirs adaptés en or ou sinon, c'est plus tout simplement des poudres. Pour certaines d'entre elles, on dirait des ocres ou des pigments. Une gouttière serpente le long de tous les pans : c'est une rigole qu'investit un petit filet d'eau et les invités peuvent à loisir s'y laver les mains alors que de grandes vasques permettent de laver le reste, les choses qui pendent ou celles plus intérieures. Une pièce a été aménagée et sert de sauna humide avec au fond une trappe, un cachot et un piège. Une petite guillotine. Des glory-holes. Un plafond à caissons. Un lévrier à poils très longs. Un domestique servile. Un chauffage au sol. Un reposoir pour pinces à seins. Une estampe rouge très belle. Des spéculums en acier. Des fers chauds. Des éperons. Une sculpture antique. Un heaume.

De part la qualité des invités : nous sommes sélectionnés selon des critères bien précis d'ordre social, culturel et physique : nous avons remplis des questionnaires et pris des photos. Nous avons été mesurés. Des tests très bien faits ont eu lieu. Ainsi les femmes sont pulpeuses mais tout de même fines _ pas de ventre, pas de marque de césarienne_ et disposent de poitrines opulentes calibrées, les hommes bien bâtis et fortement membrés, de bonne constitution, musculeux... toutes et tous de bonne situation et d'éducation : les corps doivent s'emboîter parfaitement et les discussions de même tant il en va de tout. Quodvultdeus s'évertue à lier entre eux les corps et les âmes et développe ainsi toute une philosophie _ corpus intellectualis _ qu'il a par ailleurs fait édité et dont les tirages se passent sous le manteau dans toutes les villes. Les gens sont donc beaux, éduqués et racés : voilà à quoi cela ressemble d'être choisi et pourtant, certains portent encore des loups, des masques, pour s'anonymer un peu. Ce qui amuse. Il y a un mot de passe pour la porte cochère mais cela fait partie du protocole et met l'ambiance. Tout comme le port continue de bottes très hautes quand bien même nus.

Ainsi donc sommes nous plus d'une centaine à nous réunir une fois par mois pour deux jours et deux nuits de luxure complète durant lesquelles les femmes se font enconner avec une gourmandise exquise et les hommes emmanchés avec autant de plaisir. Autant dire que le temps qui sépare chacune des sessions semble s'étendre sur des années. Les corps se retrouvent avec ardeur, comme s'ils ne se reconnaissaient pas. Les habitués pourtant. De longues grappes serpentines s'organisent assez vite après les civilités de circonstances ou encore les discussions qui laissent place aux ahanements, gémissements et cris où tout n'est fait que pour le plaisir de la gorge et les excrétions du plus bas. Une femme ici suce alors qu'un homme immense la gode tout en enfournant untel qui fouraille unautre qui doigte machine et soulage machin. Un gars très parnassien ici reçoit un pied au fond alors que là une dame bien sous-tout-rapport se comprime copieusement entre trois autres qui bavent et exsudent. Oints. Les longues cordes de foutre disparaissent et coagulent sur les peaux que l'odeur d'encens masque un peu. À cet endroit, une femme se fait écharper par une autre qui la griffe avec une sorte de râteau très aiguisé et à cette place encore une demoiselle dresse un adolescent à se rouler par terre et manger des fèces. Si ce n'est le garçon de douze ans qui avale, une femme lape des doigts après les lui avoir montrés. Un petit chien trouve sa place en léchouillant alors qu'un gros bave en regardant, le rouge sortant du fourreau. Une femme mûre pend mollement au plafond, le cou enserré dans une corde nouée, pendant qu'un jules la broute : elle couine et violette. Un monsieur s'essaye, une femme s'escrime, un groupe s'emboîte et fait des ronds en bondissant, très mignon. Une jouvencelle ondule avec six hommes sur elle et une femme : elles disparaissent, rivales. Une main sort de la meute, un sein de la motte. Huit garçons se mettent les uns derrière les autres. Une file fait la queue pour la file. Ça ne sa bat jamais : c'est parfois très long mais ça sait se montrer courtois, les coups plus marqués étant pour le dernier étage. Un saladier de merde est changé et deux femmes trempent des mouillette de pain dans le plein que le vide ne tardera pas à remplacer. Une fille se remaquille, un homme se maquille : il vole les poudres et le khôlle à l'autre. Devant l'une des glaces, une salope se scarifie et suit les veines mais qu'un peu quand d'autres pissent. Une gonze place dans sa bouche une sorte d'écarteur en métal qui lui lacère les gencives : elle saigne aussi comme la première. Un p'tit bonhomme anguleux la regarde avec envie : il aimerait assez ça essayer ou tout du moins avaler. À certains moments, des cadavres sont apportés, tous très bien embaumés, pour que d'autres s'y risquent, les plus aventureux. Une chatte qui a mis bas plus tôt dans la soirée est traite et les gorgés de lait sont versées-caressés sur des seins dressés que d'autres adulent : ça fait des torrents blancs avec lesquels jouer comme la liqueur. De longs linguams sortent des murs à heures fixes et tous s'y enfourchent à rythmes réguliers dans une joie non feinte d'empalement. Des gens dansent, saouls et dégoulinants, défoncés, déchaînés, on ne sait plus qui est qui. Une équipe indépendante et décadente se mange des petits bouts et une coincée se coupe les ongles qu'elle donne à concasser à une baraque musculeuse efféminée. Une concubine russe joue un air enjoué au piano alors qu'un homme accroche à son con des poids en argent très lourds et très brillants. Un immense homme s'émascule seul comme un grand alors qu'un autre le cautérise.

Les soirées se sont toujours bien passées jusqu'ici, dans un hédonisme frais et très gai.


Jusqu'à ce soir où cet homme gisant sur un tapis d'Orient n'arrête plus de déculer, des mètres d'organes s'étalant sans plus s'arrêter depuis lui jusqu'à des sommets, tant et tant que Quodvultdeus intervient en personne et y met les doigts pour tout faire rentrer et que certains vomissent dans les coins et que d'autres commencent à remettre en cause la crédibilité-même de toute notre troupe.


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