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Rate de Paris

Publié le 14 janvier 2011 par Addiction2010

 

Je me disais morose l’autre jour. On me fit remarquer que des femmes sont mélancoliques. Ma foi, je conviens que tout cela se ressemble. D’éminents connaisseurs de notre langue seraient capables de disserter longuement sur ces mots, de montrer qu’ils ne sont ni parents ni alliés. Ils recouvrent pour moi la même réalité que celle que le grand Charles qualifiait de spleen.

Oh, ce ne sont pas les quelques haïkus que j’ai osé proposer ici qui m’autoriseraient à me réclamer de lui. J’avoue ne pas oser me lancer de nouveau, comme je le faisais à quinze ans, dans la confection de vers, de rimes et de rythme respectant des règles académiques. Ce que j’ai vu sur le net de cette forme ne m’y incite pas beaucoup : disons le, c’est plus souvent exécrable que bon ou juste agréable. D’ailleurs, la poésie moderne s’exprime autrement. J’ai envie mais je n’ose donc pas, accablé que je suis par le souvenir de mes poèmes d’adolescent qui sont depuis longtemps perdus et dont ne me reste que le souvenir. Seul le haïku, bien rarement, a trouvé grâce. Il est court, se veut éphémère, il convient bien à notre monde trop rapide.

Le spleen. Je fus longtemps assez peu anglophone pour ignorer le sens du mot. La rate, celle qui, selon les comiques troupiers du début de l’autre siècle se dilate. Chez nous, on dit « cafard ». Ce serait peut-être la traduction de ce terme si on tenait à en donner une. Il faudra que j’écrive sur l’exercice de la traduction. Tiens, aujourd’hui, j’ai failli mettre comme titre « Spleen de Paris », mais c’était déjà pris. Allez une petite fleur du grand Charles, pour la route.

La muse vénale

O Muse de mon cœur, amante des palais,

Auras-tu, quand janvier lâchera ses Borées,

Durant les noirs ennuis des neigeuses soirées,

Un tison pour chauffer tes deux pieds violets

 

Ranimeras-tu donc tes épaules marbrées

Aux nocturnes rayons qui percent les volets ?

Sentant ta bourse à sec autant que ton palais

Récolteras-tu l’or des voûtes azurées ?

 

Il te faut, pour gagner ton pain de chaque soir,

Comme un enfant de chœur, jouer de l’encensoir,

Chanter des Te Deum auxquels tu ne crois guère

 

Ou, saltimbanque à jeun, étaler les appas

Et ton rire trempé de pleurs qu’on ne voit pas

Pour faire épanouir la rate du vulgaire.

Faut-il être morose ?


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