Dans un article récent publié sur le site de la ville d'Ishim (Sibérie), Mgr Evtikhij (dont je poste régulièrement des homélies-vidéos) explique pourquoi il est opposé aux «baignades de la Théophanie» qui sont devenues un véritable phénomène de mode dans toute la Russie à cette époque de l'année (la fête orthodoxe de la Théophanie et les bénédictions des eaux ont lieu les 18 et 19 janvier).
Une mode à tel point répandue que la ville de Moscou se prépare spécialement à cet événement : selon la mairie, 70 endroits de baignade seront organisés cette année avec cabines de déshabillage, secouristes et policiers, thé et café pour se réchauffer (l'année dernière 330 000 Moscovites avaient participé à ces baignades). Ces précisions montrent bien qu'il ne s'agit pas d'une tradition religieuse, mais plutôt d'une sorte de mode sportive. Heureusement, dans nos contrées, ces «traditions» ne sont pas très à la mode, pour des raisons culturelles, bien sûr.
En Sibérie, les températures à cette époque de l'année sont telles que les baignades ne sont pas sans risques — ce qu'explique bien Mgr Evthikhij (voir texte en russe dans la suite du billet), en s'appuyant sur les indications du célèbre Livre de chevet des prêtres de Boulgakov (en russe) publié avant la Révolution.
Ses arguments, en résumé :
1) un danger pour la santé (cf. réponse du Christ au diable qui Le tente en L'incitant à sauter du toit du temple, car c'est sans risques : les anges Le soutiendront pour qu'Il ne se brise pas).
2) la baignade dans l'eau bénite est contraire à une approche pieuse de la sainteté de cette eau. Lors de la bénédiction des eaux de la Théophanie, on prie «pour ceux qui boiront, s'aspergeront et s'enduiront» d'eau bénite (о «причащающихся (т. е. благоговейно пьющих), кропящихся и мажущихся» святою водою), et non pour ceux qui se baigneront dans cette eau. Avec une parenthèse sur ceux qui recherchent un bienfait pour leur santé dans ces baignades (comme d'autres dans les bains de lait ou de champagne !), alors que leur dieu est leur propre corps et leur religion la superstition, et ils se moquent parfaitement de la sainteté de l'eau bénite.
Dans le sacrement du baptême, l'eau est bénie de façon différente.
3) les «baignades de la Théophanie» sont une pépinière de superstitions. Et de rappeler les paroles de Boulgakov qui écrit que «ceux qui se baignent sont, pour la majorité, des gens qui passent leur temps dans des plaisirs répréhensibles, et s'imaginent que ces baignades laveront leurs péchés».
Il suffit de consulter internet pour voir qu'il n'y a pas de lien entre les attentes des «baigneurs» et la fête de la Théophanie décrite dans l'Évangile.
4) ces baignades ne sont pas une tradition de l'Église orthodoxe, quoi qu'en disent les medias et même certains membres du clergé. Mgr Evtikhij n'a, lui-même, jamais entendu parler de ces baignades dans son enfance.
Pour conclure, il cite de nouveau le P. Boulgakov, dont il partage l'opinion : « Il est évident que de telles habitudes, parce qu'elles transgressent la sainteté de la solennité [de la fête] et sont contraires à l'esprit du christianisme authentique, ne sont pas tolérables et doivent être exterminées. »