J’aime les aquariums, et leur ambiance reposante, minérale, sereine. Parfois inquiétante, dans l’attente toujours déçue de brusques attaques, du jaillissement soudain des membres nombreux de l’un de ces animaux flasques et informes tapis dans l’ombre bleutée des faux récifs coraliens.
Je pourrais passer des heures assise devant un aquarium géant, comme celui d’Okinawa au Japon où l’on peut voir des requins baleines nager.
Le monde de l’eau me fascine, en cela qu’il possède la dimension verticale que nous ne percevons que fort peu lorsque nous évoluons sur terre. De par sa lumière également, ou plutôt son absence. Et surtout, de par le fait que je m’y sens totalement et irrémédiablement étrangère.
Regarder les poissons évoluer. Bleus, gris-bleus, blanc-bleus. Sur fond bleu.
Paresseusement, évoluer, dans une lenteur béate et placide. Puis soudain, un brusque coup de nageoire, écart à gauche, accélération fulgurante en direction des rochers.
Les poissons ne doivent pas être sujets aux crises cardiaques, sans quoi, on en retrouverait sans cesse, morts, le ventre blanc à fleur d’eau, bercés par les vagues, ayant succombé à leur dernière peur panique, une algue qui les a frôlé, un éclair de lumière inattendu, un caillou jeté dans l’eau par un garnement en culottes courtes…
Et, de fait, je crois bien que cette partie de moi, cet amour intime des choses de la mer, je l’ai transmise en héritage, au moins partiellement, aux schtroumpfs.
Sauf que.
Sauf que Schtroumpf Grognon, lui, la seule chose qui l’intéresse réellement, c’est de les attraper, les poissons.
Et voilà comment il a passé son week-end à regarder des vidéos de pêche au gros, à s’extasier devant la taille d’un mérou, d’un poisson-chat, d’un marlin, tirés hors de l’eau par des cannes à pêche pliées à tout rompre tenues par des homme suant et luttant, rougis et ivres de bière et de soleil.
Au secours.