28/12/2007 | Mise à jour : 21:55 |
Le nouveau site des Presses universitaires de France a été pensé comme une «plate-forme des savoirs» basée sur le système Wiki, à l'origine de l'encyclopédie en ligne Wikipédia.
Reconquérir le terrain abandonné aux acteurs technologiques. Si Google veut créer son encyclopédie numérique, pourquoi les Presses universitaires de France (PUF) ne se lanceraient-elles pas dans le Web participatif ? L'éditeur de la collection «Que sais-je ?» en fait le pari en créant une plate-forme collaborative basée sur le système Wiki. Grâce à cet outil de gestion de contenus libre, fondement de l'illustre encyclopédie Internet Wikipédia, les internautes pourront commenter articles, ouvrages et fiches d'auteurs. PUF entend reproduire ainsi sur le Net une vie scientifique ouverte, pour un investissement de 150 000 euros.
«Nous sommes bien placés pour lancer ce site : les premiers utilisateurs d'Internet étaient des universitaires», rappelle Michel Prigent, président du directoire des PUF, dont le site était jusqu'ici un catalogue en ligne. Éditeur de dictionnaires, présent dans toutes les disciplines, PUF expérimente depuis un an la diffusion numérique payante de 40 revues. Sur la plate-forme Wiki, gratuite, les Presses universitaires offrent maintenant toutes les entrées du Dictionnaires des sciences humaines, accompagnées d'une bibliographie et de corrélats. Chaque fiche comporte un onglet «discussion», où internautes, étudiants, confrères peuvent nourrir le débat avec leurs commentaires. «Notre site devient un moteur de recherche de nos collections avec une arborescence interdisciplinaire colossale, souligne Michel Prigent. Les éditeurs doivent fournir des services sur les savoirs et un accès à leur fonds. » Ces découvertes de documents pourront déboucher sur une transaction chez un e-libraire comme Amazon ou Fnac.com.
Renouer avec la lecture
Disponible à l'essai depuis début décembre pour un lancement courant janvier, le site a été conçu par l'agence interactive Nurun, qui s'est interrogée sur la place d'un éditeur sur le Web. «Les étudiants manquent d'endroits où trouver des références solides. Wikipédia draine beaucoup de monde pour trouver les premières réponses, indique Jean-Pascal Mathieu, vice-président stratégie de Nurun. Or, le métier des PUF est de donner une valeur référente. Nous sommes partis de là.» Il en est né «une plate-forme de savoirs plutôt qu'un site d'éditeur», où les auteurs d'articles créent leur propre fiche biographique avec des liens bibliographiques et des mots-clés. «La spécificité des PUF est son grand nombre d'auteurs, d'environ 15.000. L'idée est que l'auteur organise un moteur autour de lui et son univers de recherche, détaille Michel Prigent. Nous avons ainsi une grille sociale et une certification des contenus.»
Le français se distingue ainsi des articles de Wikipédia, à la légitimité hasardeuse, et de la hiérarchisation façon Google, basée sur la popularité des sujets. Mais le site Wiki des PUF se veut une alternative, pas un concurrent. «Internet est un moyen de multiplier les accès à des outils différents. Il y avait la nécessité de rendre un service à l'internaute et de rétablir la passion de la lecture», estime Michel Prigent. Mieux, «Internet nous conduit à réimprimer des ouvrages».
La nouvelle plate-forme, où sont déjà présentés les 5000 ouvrages des PUF, sera également une belle vitrine pour le marché des droits étrangers.