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14 janvier 2011: Vive la liberté

Publié le 19 janvier 2011 par Princesstanit

Ce blog a été censuré en Tunisie le 06/05/2010. Depuis je n'ai publié qu'un seul article. J'étais désespérée de le trouver bloqué à chaque fois et de devoir faire des manoeuvres pour pouvoir y accéder. Il y' a quelques jours je comptais même le fermer définitivement.
Depuis le 13 janvier 2011, tous les blogs et les sites censurés en Tunisie sont libres. Depuis le 14 janvier 2011, nous sommes devenus un peuple libre :) .
Je publie là un texte que j'ai écrit en rentrant de la manifestation du 14 Janvier. Cette révolution tunisienne dont nous sommes tous fiers. Un texte ou se mêle fierté, espoir et malheureusement peur. Une réelle conviction en moi me dit que cette peur va se dissiper très bientôt.
Et Finalement, je reste :) 14 janvier 2011: Vive la liberté
Aujourd'hui 14 janvier 2011 restera dans les annales. Nous avons descendu dans les rues. Des milliers de tunisiens ont crié des slogans et levé des pancartes que personne n'imaginait. Aujourd'hui nous avons crié liberté, victoire, nous avons acclamé le départ de ceux qui nous ont volé et raflé. Toute la Tunisie s'est levée avec une seule voix, avec un seul appel; une Tunisie démocrate, une tunisie libre, Non à l'oppression, Non à la Corruption.

Cette même soirée du 14 janvier, nous avons malheureusement peur. Nous n'avons pas pu vivre notre victoire, nous sommes incapables de montrer notre joie. Ce soir, on se fait voler, braquer et saccager. On craint que nos portes soient défoncées à tout instant. Toute les familles sont regroupées dans une seule chambre. Les sens alertés, les nerfs éveillés. Nous sommes plusieurs à ne pas pouvoir dormir depuis plus d'une semaine. En ce jour, on veut pas dormir car on a peur d'être brusqués dans notre sommeil.

En ce 14 janvier, nous avons obtenu une liberté d'expression, nous donnons notre avis spontanément, tous les médias nous filment et on fait parvenir notre voix, haut et plus fort que jamais. D'autre part, on a jamais été aussi baigné dans l'insécurité. On a jamais autant eu peur pour nos vies, pour nos siens.

A l'heure ou j'écris ces mots, les hélicoptères balayent le ciel de ma ville, les pilleurs passent dans des 404 bachés, coagulés avec des regards menaçant. Tous les magasins au alentours sont vidés de leurs contenus. Le soir ou nous avons obtenu notre liberté, on ne sait pas ce qui nous réserve demain, mais un sentiment me dit de garder espoir et d'être confiant. On a retrouvé notre dignité, on est plus que jamais fiers d'être tunisiens, plus que jamais fiers d'avoir obtenu ce que nous voulons, au prix du sang certes, mais la dignité n'a pas de prix.

En ce moment même, y'a des pilleurs qui avancent dans les rues voisines. Tous les hommes et les femmes sont dehors, attentifs pour défendre ce qu'il reste à défendre. Il n'y a plus de force d'ordre pour nous protéger, nous devons nous protéger nous même, avec nos mains, nos voix...

Si nous sommes toujours sur pieds demain, nous devons penser à reconstruire ce qui a été détruit, à enlever la trace de ce qui a été brulé. Ce n'est pas maintenant qu'on peut juger les coupables, mais en attendant la priorité est à la réorganisation et au retour à l'ordre. Ordre qu'on doit aussi imposer nous même à force de cris et de sacrifices.



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