Une critique des opposants aux tests et classements scolaires

Publié le 19 janvier 2011 par Veille-Education

Aujourd’hui, c’est l’idée d’un classement des écoles primaires qui nous fait frémir. Juste l’idée, d’ailleurs, car il n’en est absolument pas question. Bah, heureusement que les syndicats d’instits sont là pour empêcher cette terrible catastrophe de se produire même si personne n’en parle à part eux !

Vous vous rendez compte : si les parents se mettent à connaître le niveau de qualité des écoles dans lesquelles ils mettent leurs gosses, mais ils vont les enlever illico presto des plus pourries, comme ils l’ont déjà fait pour les facs et les lycées !

Pas question ! Nous ne les laisserons pas faire ! Et comme il se trouve que la principale organisation de parents d’élèves s’est associée à nous pour empêcher les Français de goûter au fruit de l’arbre de la connaissance, on joue sur du velours.

Bon, j’exagère, évidemment. Les syndicats enseignants ou hospitaliers ne sont pas contre les classements parce qu’ils veulent que les enfants restent analphabètes ou que les cardiaques meurent d’une mauvaise manip effectuée par un toubib incompétent pendant un pontage coronarien. Non, ils veulent juste que l’on respecte l’égalité républicaine et que tout soit pareil partout.

« OK, c’est super comme idée, mais ce n’est pas la même chose partout, forcément…
– Ben ça devrait !
– OK, ça devrait, mais dans le monde réel, à moyens égaux, il y parfois de bons et de moins bons spécialistes du double-bypass, de bons et de moins bons profs de maths, des établissements avec une meilleure ambiance que d’autres pour mille facteurs différents…
– Et bien nous changerons tout ça !
– D’accord, mais en attendant que vous ayez changé le monde, les gens vont continuer à mettre leurs gosses en difficulté dans des écoles bidons alors qu’ils réussiraient peut-être mieux avec de meilleurs profs dans l’école d’à côté. Et des gens vont mourir qui auraient pu être soignés à un quart d’heure de bus de Trifouilly… Pourquoi ne pas leur permettre de savoir où ils mettent les pieds ?
– C’est le prix à payer en attendant le Grand Soir…
– Ah, et comment on le saura, que le Grand Soir est enfin arrivé ? On fera une évaluation ?
– Jamais ! Ça me briserait le cœur !
– Vraiment… Ecoutez, je connais justement un excellent cardiologue. C’est juste à un quart d’heure d’ici, du côté de Trifouilly en fait… »

Source : Hugues Serraf