- Enfin, Madame, pouvez-vous m’expliquer pourquoi je vous trouve à quatre heures de l’après-midi dans la plus légère tenue avec un sein en l’air ?
Un ange passa tout aussi bien dans la penderie que dans la chambre. C’était à ce moment que les godasses glissèrent entre Edouard et Sylvette, il put enfin la prendre dans ses bras. Sylvette n’eut pas le temps de protester… Quant à Madame, elle se mordit les lèvres d’avoir commis une si grossière erreur. Elle rangea vite son sein et en habile courtisane dégaina sa parade. Jouons à la roulette russe, se dit-elle et elle se lança :
- Comment diable ?! je me changeais évidemment !
- Ah oui, sans votre femme de chambre ? Eh bien, continuez maintenant ! Nous allons choisir ensemble votre tenue. Ouvrez cette penderie que vous ne quittez pas depuis que je suis entré dans cette chambre. Que me cachez-vous ? Allez, je vous en prie, ouvrez-moi cette penderie !
Madame émit une espèce de jappement, et Sylvette se sentit mollir. Elle murmura:
- Nous sommes perdus !
- On voit que vous ne la connaissez pas aussi bien que moi, lui souffla Edouard à l’oreille, en profitant pour lui mordiller gentiment le lobe.
Madame réitéra son glapissement.
- Qu’est-ce qui vous arrive, mon amie ?
- J’étouffe, Charles ! Je me sens mal, je crois que je vais défaillir…
- Bon, écoutez, cessez cette comédie, Hortense, c’est de très mauvais goût et ouvrez-moi ce placard !
Sylvette se blottit alors dans les bras d’Edouard qui ne put que se réjouir de ce réflexe de défense…