Mots d'Atlanta

Publié le 20 janvier 2011 par Addiction2010

Donner des impressions de voyage à propos d’un séjour à Atlanta me paraît assez incongru. Au cours des dernières années, je suis venu tellement de fois dans cette ville que j’ai un peu l’impression d’y être chez moi. C’est d’autant plus étrange que le plus souvent, je ne visite guère que la zone aéroportuaire dont j’ai eu l’occasion de fréquenter bien des hôtels au nom parfois prestigieux mais qui ne réservent guère de surprise avec leur confort standardisé, leur accueil toujours courtois et souriant, leur banalité.

La première fois que je suis venu à Atlanta, ce devait être en 1998, on m’a proposé de visiter Coca-Cola ou CNN. Je suis allé chez CNN et je fus surpris par la réaction des américains jouant au présentateur météo. Aujourd’hui, ce serait de voir un américain rester tranquillement à regarder, sans participer, qui me surprendrait. On peut le trouver un peu ridicules, en fait ils ne le sont pas parce qu’ils n’ont aucunement le sentiment de l’être. L’exubérance est sans doute un caractère quasiment génétique acquis des américains. En quelques étages d’ascenseur, un américain est capable de raconter sa vie à ses compagnons de voyage vertical aussi bref soit il. Mais l’intimité sera oubliée dès l’étage de destination atteint. La familiarité est immédiate ici, son oubli aussi.

Quoi qu’il en soit, je ne me sens pas à l’étranger à Atlanta, même si j’ai bien conscience d’être un étranger dans ce pays C’est ce sentiment que j’avais à l’esprit en commençant à écrire. Je me suis un peu égaré en voulant l’introduire. Il faut dire que je le fais installé dans un salon de l’aéroport en attendant qu’il soit l’heure de mon vol vers Paris et que je suis assez distrait par le bruit des conversations autour de moi.

Tout m’est familier dans ce pays et en ce sens, je m’y sens chez moi. Et pourtant, tout ou presque m’est étranger. Déjà, ils ont la curieuse idée de parler anglais. Je suis beaucoup plus tranquille depuis que j’ai compris que même entre eux les américains ne se comprennent pas toujours. L’accent du sud est terrible pour un new-yorkais, et réciproquement. Et que dire de la perplexité de nos amis anglais quand arrivent à leurs oreilles certains barbarismes si courants chez les américains, et réciproquement. Pauvre subjonctif. Déjà qu’il est peu usité en anglais académique, on l’oublie de ce côté de l’Atlantique. Le « I wish I were » avec lequel nos chers professeurs nous ont tant fatigués est oublié. J’ai quelques souvenirs d’anglicismes prononcés par des « sujets de Sa Majesté » que grâce à quelques souvenirs d’école, j’étais le seul à comprendre et qui laissaient dubitatifs les américains à qui ils étaient destinés. Essayez donc d’utilise le mot « fortnight » par exemple…Et on nous parle de l’anglais envahissant… Pauvre langue dont nous utilisons une version édulcorée pour communiquer.

Décidément, j’ai du mal à me concentrer. Mais tant pis, je vais le garder ainsi.

J’y reviendrai peut-être un autre jour, quand je serai revenu à l’est de l’Atlantique.