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Ben Ali, et après ?

Publié le 21 janvier 2011 par Fbaillot

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Nous avons beaucoup pensé à la Tunisie ces derniers jours, et ce petit pays sera encore au devant de l’actualité pendant de longs moments.

Comme l’immense majorité du peuple tunisien, je suis soulagé de voir un dictateur s’enfuir sous la pression de la rue, et un nouvel ordre apparaître. Et à l’évidence, l’exemple tunisien fait naître l’espoir dans tout le Maghreb et au-delà.

Je suis allé plusieurs fois en Tunisie, pour y travailler avec des journalistes. Oui, il y avait des journalistes en Tunisie, qui tentaient de faire leur travail malgré les intimidations quotidiennes, qui tentaient de se glisser entre les failles que le système s’échinait à colmater. J’entendais ce matin un Tunisois redécouvrir avec délectation ce titre du Canard absent des kiosques depuis 20 ans : “Sarko, Alliot-Marie, Mitterrand n’ont rien vu venir. Ils n’ont aucun Benalibi” (la couverture du Canard de cette semaine). Je me rappelle ainsi d’une séance commune avec des confrères algériens, tunisiens et marocains au cours de laquelle les Algériens, en pleine “décennie noire” du terrorisme, souhaitaient bon courage à leurs homologues tunisiens pour parvenir à exercer leur métier dans des conditions acceptables !

Aujourd’hui, en quelques heures, la situation est complètement nouvelle, on s’aperçoit que depuis des années, ces professionnels attendaient cette libération en rongeant leur frein, et qu’ils sont maintenant au pied du mur : on ne passe pas d’un encadrement total de l’information au pluralisme et à la démocratie d’un trait de plume. Cela nécessite du savoir faire, de la tolérance, de la patience.

La démocratie, c’est d’abord un espoir, et c’est ensuite beaucoup de travail. Les Tunisiens vont devoir se mettre à l’ouvrage pour mettre en place une démocratie du XXIe siècle. C’est cela qui nous captive et qui rend cette situation passionnante. Ils vont devoir apprendre beaucoup, et surtout pas appliquer des recettes toutes faites, issues de nos bonnes vieilles habitudes occidentalo-françaises. Ils vont aussi devoir endurer. Les épreuves, les déceptions vont être nombreuses. Les aspirations qui se manifestent aujourd’hui vont se heurter à la réalité, et ce ne sera pas simple.

Et nous aussi nous allons devoir réapprendre beaucoup : tout le monde se satisfaisait de ce régime d’un autre âge. Les armées de touristes qui se précipitaient à Bizerte, à Djerba ou ailleurs, les industriels qui installaient des centres d’appels, des ateliers de couture, les politiques qui se faisaient un plaisir à encourager les échanges de toutes sortes, tout le monde y trouvait son compte. Tous vont devoir réviser leur credo d’un pays particulièrement accueillant, derrière lequel se cachait une certaine complaisance, sinon une complicité à enrichir un clan, une famille, au détriment de tout un peuple.

Nous n’avons pas vu venir cette révolution. Il va néanmoins nous falloir l’accompagner, et l’aider à réussir !

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