Recettes d’optimisme

Publié le 22 janvier 2011 par Fbaillot

Voici ce que j’ai déclaré vendredi 14 janvier à l’occasion de la cérémonie des vœux à la population :

En ce début d’année 2011, je vais m’efforcer d’être à l’image des jeunes de Templemars que vous avez vus tout à l’heure dans le « lipdub » : optimiste !

Pourtant, tous les indicateurs économiques, sociaux, psychologiques ne nous y incitent guère.
Il y a quelques jours, une enquête européenne révêlait que les Français étaient les plus pessimistes parmi les 27 pays de l’Union européenne.
Plus près de nous, l’Observatoire des familles, une émanation de l’Union départementale des associations familiales, l’UDAF, explique ces jours-ci que les familles du Nord sont pessimistes sur l’avenir de leur pouvoir d’achat. 2/3 d’entre elles pensent qu’il va baisser dans les prochaines années. Et parmi ces familles, les plus inquiètes sont évidemment les familles monoparentales et celles qui sont touchées par le chômage.
Cette enquête régionale relève aussi que ce pessimisme atteint toutes les populations, quels que soient l’âge, le nombre d’enfants, la catégorie socio-professionnelle des personnes interrogées.

L’année dernière, à la même époque, comme je crois l’immense majorité des maires, je vous avais fait part des incertitudes qui régnaient sur les finances des collectivités territoriales, en raison des réformes en cours.
Nous avons traversé 2010, et aujourd’hui, au début de cette année 2011, nous sommes un peu dans le même état d’esprit. L’essentiel de nos ressources a certes été préservé, par des dispositifs pour le moins complexes. Mais nous sommes toujours dans l’incertitude sur l’évolution de nos recettes à moyen et à long terme.
Or, on ne le sait pas toujours, mais notre commune, avec l’ensemble des collectivités territoriales, nous constituons la plus grande partie du marché du bâtiment et des travaux publics. Les incertitudes nous poussent à être très prudents lorsqu’il s’agit de nous engager dans la construction de nouveaux bâtiments ou de projets structurants, parce que nous manquons de visibilité. Et si nous retardons des projets d’équipements, de logements, ce sont en premier lieu des services que nous ne pouvons rendre à la population, mais ce sont aussi des marchés en panne, des emplois fragilisés, des difficultés supplémentaires pour un pays en crise.

Vous allez me dire, monsieur le maire vous nous parlez d’optimisme, mais vous nous décrivez surtout des catastrophes, vous nous brossez un tableau de tout ce qui va mal, et vous aurez raison !
Alors je vais arrêter là cette énumération désagréable et je vais tenter de vous expliquer pourquoi malgré tout, je professe l’optimisme.

Je pense que lorsque les choses sont mal engagées, il faut être encore plus réactif, inventif, et sortir des sentiers battus, pour trouver de nouvelles solutions. Modestement, à Templemars, nous essayons d’apporter notre pierre dans cette recherche.

Première piste explorée, avec nos voisins : l’union fait la force !
Depuis de nombreuses années, nous développons la coopération intercommunale, au sein de Lille métropole communauté urbaine bien sûr, cette grande communauté de plus de 1 million d’habitants, qui a accepté par exemple de prendre en charge l’aménagement de ce qui s’appellera bientôt le parking des Périseaux, derrière la salle Desbonnet. Mais nous avons créé de nombreuses structures de partenariat avec nos voisins, pour la prévention de la délinquance, pour l’insertion par l’économie, pour la défense de nos intérêts de riverains de l’aéroport, par exemple. Dernière coopération en date, le réseau de médiathèques qui va se mettre en place dans le courant de cette année, en compagnie de Seclin, Vendeville, Lesquin, Houplin-Ancoisne, Lezennes, et peut-être d’autres villes ensuite.

Parce que la médiathèque, c’est une autre réponse que nous offrons à la morosité ambiante. Quand tout va mal, quand on cherche des solutions pour s’en sortir, on peut trouver des pistes dans les livres, les journaux et les documents de toutes sortes. A Templemars, nous parions sur la culture comme instrument d’épanouissement et de découverte. C’est pourquoi nous avons souhaité offrir aux Templemarois un équipement de pointe, la médiathèque Noël Dejonghe, en l’honneur de mon prédécesseur, que nous allons inaugurer dans quelques mois. Ceux qui ont déjà pu s’y promener ont apprécié la qualité de la lumière, la douceur des couleurs. Avant même que les meubles ne soient installés, et surtout les livres et les documents multimédias de toutes sortes, on a déjà envie de s’y attarder, pour feuilleter une revue, pour lire une comptine, pour découvrir un DVD. Julie, notre “médiathécaire”, est depuis quelques temps à l’ouvrage avec l’équipe des bénévoles, pour préparer une première saison “décoiffante” je vous le promets…
Je profite de cette occasion pour saluer la mémoire d’André Bertrand, l’un des bibliothécaires bénévoles qui animait depuis de longues années les permanences et que chacun appréciait. André Bertrand vient de nous quitter, après une vie bien remplie, et je présente à sa famille au nom de la commune nos sincères condoléances. Modestement, avec ses collègues bénévoles, il a contribué au “bien-vivre” de Templemars. Cette nouvelle médiathèque “Noël Dejonghe” se professionnalise, pour atteindre de nouveaux objectifs, mais nous allons continuer à nous appuyer sur ce groupe de bénévoles pour l’animer. Et ce soir je tiens à rendre un hommage tout particulier à celui qui nous a quittés, mais aussi à ceux qui restent et à ceux qui vont les rejoindre.

Cette médiathèque, avec la salle associative Robert Blézel attenante, le local multimédia constitue un ensemble dit « BBC », bâtiment basse consommation. Il pousse plus loin encore les efforts que nous avions déjà entrepris pour la construction de la salle Desbonnet, pour préserver l’environnement et économiser cette coûteuse et polluante énergie. C’est aussi une de nos réponses aux défis que nous lance le réchauffement climatique : à chaque fois que nous mettons en chantier un nouveau bâtiment, ou que nous envisageons la réhabilitation d’un bâtiment ancien, nous nous efforçons de demander aux concepteurs des solutions respectueuses de l’environnement.
Vous me direz, c’est une goutte d’eau dans l’océan des gaspillages, mais je constate que peu à peu le message passe. Les collectivités publiques participent de plus en plus nombreuses à cet effort et les architectes, les entreprises du bâtiment, les experts en économie d’énergie, trouvent mois après mois des solutions plus efficaces, moins chères. Demain, tous les logements qui se construiront, tous les bâtiments industriels et commerciaux obéiront aux mêmes impératifs, les petites gouttes d’eau alimentent des ruisseaux, qui se jettent dans des rivières et des fleuves, et avec d’autres nous contribuons à ce que notre planète demeure vivable pour nos enfants, nos petits-enfants.

Autre recette pour lutter contre la morosité : la meilleure défense c’est l’attaque !
Notre petite commune doit une partie de sa notoriété à un projet d’« échangeur ». Depuis très longtemps nous attirons l’attention des uns et des autres sur la sursaturation de l’autoroute A1 à l’entrée de la métropole lilloise. Templemars, mais aussi Seclin, Vendeville, Lesquin, Faches-Thumesnil voient passer sur cet axe plus de 150 000 véhicules chaque jour, et cela conditionne très directement nos conditions de vie. Les habitants de nos communes, ceux qui viennent y travailler doivent vivre avec les bouchons, les retards. Et nous savons que la création d’un échangeur supplémentaire nous faciliterait beaucoup la vie, pour desservir notamment les zones d’activités de notre secteur et celles qui vont s’y développer. Mon prédécesseur se battait déjà pour cela, et avec mes collègues des villes voisines, nous sommes mobilisés pour débloquer la situation.
Je sais bien sûr, nous savons que l’usage de la voiture individuelle n’est pas le meilleur moyen de préparer l’avenir. L’essentiel des usagers de l’autoroute A1, ce sont des habitants de la région ou de la métropole qui se rendent à Lille pour travailler, pour faire des courses, pour effectuer des démarches. Ils sont souvent seuls dans une voiture prévue pour 4 ou plus. Evidemment, il faut privilégier l’usage des transports collectifs à chaque fois que c’est possible. Mais ceux qui les utilisent régulièrement savent à quel point ils sont encore perfectibles en fréquence, en ponctualité, en nombre de places offertes, en couverture géographique, en amplitude horaire.
Nous devons donc contribuer à ce que les habitudes changent, mais nous devons trouver des solutions pour que nous puissions circuler de manière apaisée aux abords de nos communes. Il faut que les axes routiers soient mis en adéquation avec la réalité.

Je vous l’ai déjà dit : nous sommes une petite commune au sein d’une importante métropole, et nous sommes attachés à conserver cette dimension qui nous rend plus proches les uns des autres.
Nous sommes une petite commune, et nous n’avons pas l’intention de devenir une grande. Mais nous sommes attentifs parce que nous savons qu’en matière de développement urbain, l’immobilisme c’est souvent le début de la récession. Nous savons par exemple, comme c’est le cas dans d’autres communes du secteur, que nous sommes touchés par le phénomène de la décohabitation. Nos enfants ne trouvent pas à se loger dans des logements adaptés à leurs possibilités. Du coup, ils quittent la commune, et nous constatons que le nombre de personnes par foyer a tendance à diminuer. Nous perdons bon an mal an quelques habitants, alors même que beaucoup de concitoyens nous disent qu’ils aimeraient bien venir habiter chez nous. C’est la raison pour laquelle nous portons plusieurs projets de logements, avec la communauté urbaine et avec des promoteurs publics et privés. Ces projets répondront à la fois aux exigences de l’urbanisme du 21e siècle : des villes denses, respectueuses de leur environnement, favorisant la mixité sociale. Je sais que vous êtes impatients de les voir sortir de terre, nous aussi. Le parcours du combattant est long, mais nous nous y employons.

A Templemars, nous sommes particulièrement attachés à ce que la vie associative puisse apporter du bonheur à tous ceux qui y participent. Les associations, qu’elles permettent de pratiquer une activité sportive, culturelle, sociale, sont un puissant remède contre le mal-être. Elles favorisent le dialogue, la rencontre avec l’autre, la découverte, la curiosité, la tolérance. Cette salle Colette Besson, et le complexe sportif qui l’entourent sont l’illustration de cette volonté. Et beaucoup de visiteurs, sportifs ou non, soulignent la qualité de nos installations, et aussi leur bon entretien.
Et bien nous ne souhaitons pas en rester là. Nous avons des projets pour que la vie associative se développe encore mieux dans notre commune. Je connais l’impatience de certains, mais nous devons envisager ces projets avec beaucoup de prudence, je vous l’ai expliqué tout à l’heure, surtout quand notre histoire lointaine remonte à la surface, je ne vous en dirais pas plus, mais nous allons beaucoup parler d’archéologie dans les mois qui viennent à Templemars. Mais croyez-le, nous sommes déterminés à les mener à bien, si possible dans des délais rapides.

Et puis, quand on n’a pas le moral, rien de tel qu’une belle fête. Alors, je ne vais pas vous dresser le calendrier des festivités de l’année 2011, mais je voudrais quand même m’arrêter à deux manifestations auxquelles nous sommes particulièrement attachés.
Le Salon du polar en premier lieu, que nous accueillerons pour la troisième fois en septembre prochain. C’est devenu une référence, un rendez-vous incontournable. Les auteurs de romans policiers ont d’ores et déjà fait un nœud à leur mouchoir, mais aussi tous les fans de ce genre si populaire, et pas si futile qu’il ne pourrait paraître. Et je me garderais bien de vous donner des indices, mais les organisateurs sont déjà à l’ouvrage avec leur loupe pour vous préparer des intrigues qui nous n’en doutons pas, vous amuseront et surtout vous donneront davantage encore envie de lire.

L’an passé, nous avons également rejoint un groupe de communes qui a choisi un nom assez imprononçable : Intercommunhilarité. C’est difficile à épeler, mais c’est assez facile à comprendre. Avec nos voisins de Vendeville, Lesquin, Ronchin, Hellemmes, Lezennes, Faches-Thumesnil, nous avons pris le parti d’en rire, au mois d’octobre. A Templemars, nous avons accueilli en octobre Angel Ramos Sanchez, un petit Espagnol moustachu désopilant, et certains ne sont pas prêts d’oublier leur participation impromptue au show. J’en connais quelques-uns qui n’ont pas voulu perdre une miette des sept spectacles proposés dans les différentes communes. Et bien entendu, en octobre prochain, nous remettons le couvert, et nous attendons de nouveaux fous rires partagés.

Voilà, j’ai essayé de vous donner quelques recettes pour cette nouvelle année. Cette liste n’est évidemment pas exhaustive, et je sais que l’avenir nous donnera d’autres occasions de faire preuve d’astuce et d’ingéniosité pour dénouer les tracas de la vie. J’en profite pour vous indiquer que comme nous l’avons toujours fait, nous construisons, nous équipons, nous investissons pour l’avenir sans ponctionner le budget des ménages. Dans la métropole lilloise, nous faisons partie des communes particulièrement raisonnables pour ce qui concerne les différentes taxes qui nous reviennent. C’est aussi notre contribution à votre bien-être.

Mais je voulais vous dire que dans notre belle commune de Templemars, nous mesurons bien ensemble combien nous avons besoin de solidarité et d’attention pour nous aider les uns les autres. Je crois que jour après jour nous savons que nous pouvons trouver dans cette communauté à dimension humaine qu’est notre village les ressources pour résister aux difficultés du monde à notre porte. Nous en avons eu un très bel exemple récemment, lors de la collecte de la Banque alimentaire organisée par la Croix rouge. Les bénévoles de la vie associative, les élus et les enfants du conseil municipal des enfants se sont mobilisés pour passer dans chaque foyer et les Templemarois ont été particulièrement généreux : près d’une tonne de denrées alimentaires collectées en une matinée au profit des plus fragiles.
La commune, c’est le plus petit échelon de la vie administrative française, mais c’est de mon point de vue le plus précieux, parce que le plus proche des préoccupations de chacun d’entre nous, surtout lorsqu’il est dans la peine ou la difficulté.
J’ai beaucoup pensé à cela le week-end dernier, lorsque nous avons appris la mort des deux jeunes otages français dans ce magnifique pays qu’est le Niger.
Antoine de Léocour et Vincent Delory étaient tous deux originaires de Linselles, une petite commune de la métropole que les enfants du CME connaissent bien. Nous nous y sommes rendus en avril dernier, à l’occasion de la rencontre des villes amies des enfants, en compagnie de notre géante à la construction de laquelle ils avaient contribué, Lin Yan, et dont c’était la première sortie. Je crois que la mort de ces deux innocents a choqué chacun d’entre nous. C’est toute la commune de Linselles qui porte le deuil et qui soutient les deux familles dans la peine, et nous nous associons à leur douleur.

Les soubresauts de la planète s’invitent parfois chez nous beaucoup plus vite que nous ne l’aurions souhaité. Nous savons que nous vivons dans un monde cruel, tragique, injuste. C’est bien la raison pour laquelle je me dois de vous apporter un regard lucide mais tourné vers l’avenir. Avec vous, avec les élus de la commune, avec le personnel municipal, nous essayons de le rendre supportable, convivial, amical.

C’est le monde, la commune que je souhaite avec vous pour cette nouvelle année.
A chacun d’entre vous, j’adresse mes vœux les plus chers pour que 2011 vous offre un beau sourire.

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