Mes chers petits clous,
Qui d’entre vous n’a pas déjà entendu ces quelques mots : «Il faut qu’on parle»? Ceux-là, ou la version «j’ai quelque chose à te dire», différant légèrement par le sens, le «il faut qu’on parle» exprimant un léger reproche à votre encontre, alors que dans le «j’ai quelque chose à te dire», la culpabilité est portée essentiellement par celui qui interpelle.
Bref.
Dans les deux cas, votre seul souhait est alors de prendre vos jambes à votre coup, de vous boucher les oreilles, de crier très fort pour ne rien entendre, voire de mettre une droite préventivement dans la face de l’importun (une mauvaise nouvelle sans les voyelles, je sais pas pourquoi, je suis sûre que ça passe mieux). Pas tout en même temps, par contre, c’est compliqué.
Et oui, car l’utilisation de l’une de ces locutions vous oblige à voir ce sur quoi vous réussissiez si bien à vous aveugler jusque là, ou parfois pas si bien que ça, mais quand même, et vous savez aussi que votre vie en sera irrémédiablement changée. Il y a le AVANT. Et il y a le APRES.
Statistiquement, je dirai que le «il faut qu’on parle» m’a amené à 3 ruptures, un coming-out d’une copine et 118 scènes de ménage. Le «j’ai quelque chose à te dire», lui, a du causer bien 2 ruptures de plus, l’annonce de 4 maladies graves, mais je l’ai aussi utilisé plus qu’à mon tour, et parfois pour des nouvelles positives, genre l’annonce de mes grossesses. Enfin, positives, d’après moi. Ceci dit, vu la tête du papa la première fois, j’ai comme un doute, à bien y réfléchir. Peut-être que je devrais aussi les compter dans les maladies graves, finalement.
Je crois que le pire, c’est lorsqu’un supérieur hiérarchique vous le sort au boulot. Dans le couple, ça va, on gère, on sait à quoi s’attendre, ça va encore être un énième couplet sur le mode de «t’as pas sorti les poubelles», «t’as pas rangé tes chaussettes sales», «tu laisses tes poils dans le lavabo» ou «tu m’aimes plus». Classique, quoi. Limite, un peu plan-plan, et finalement, très surfait.
Par contre, au bureau, c’est plus aléatoire, on ne sait jamais sur quel sujet on va se faire engueuler. Souvent, d’ailleurs, c’est sur un sujet sur lequel on n’aurait jamais imaginé s’en prendre une. Soyons honnêtes. L’essence même de l’homme est d’être imparfait, ce qui est valable au boulot, aussi. Moi, par exemple, je connais quelques points sur lesquels… Mais bref. L’essentiel étant de ne pas se faire prendre, chose à laquelle nous employons tous une bonne partie de notre temps et toute notre ingéniosité. Les objectifs de la boite sont rarement les mêmes que les objectifs personnels.
Mais, se faire réprimander sur les sujets sur lesquels on se donne à fond, on n’imagine pas une seconde que ça puisse arriver.
Sauf que, bien sûr, c’est là qu’on se fait tacler. Gentiment hein, avec toutes les précautions requises, en accord avec la convention de Genève, la charte des droits de l’homme et tout et tout. Ainsi que les «on m’a dit de te dire que», «je ne cautionne pas entièrement», «je me suis engagé à t’en faire part», «je sais bien que si tu as fait ça c’est parce que… d’ailleurs c’est ce que j’ai remonté».
Gentil quoi.
Mais dans la gueule.
Et, en tant que représentante de la gente féminine, avec ses p*** de défauts, j'ai tendance à prendre ça un peu à coeur, ce qui est idiot, j'en conviens.
Non, parce que c'est bien joli de bosser tellement que je n'ai même plus le temps d'alimenter mon blog, ni de passer deux minutes concentrée sans que le téléphone du bureau ne sonne, mais tout ça pour ça, ça saoûle.
On n'est pas là pour se faire engueuler.
Nanméoh.
A bientôt, mes petits clous!