Egypte: Moubarak va-t-il résister à la rue ?

Publié le 26 janvier 2011 par Menye Alain

«Pain, Liberté, Dignité» !

Ce slogan gagne les rues égyptiennes. Le « Ben Ali dégage » se répand donc comme une traînée de poudre, avec une facilité déconcertante dans le monde arabe, de Tunis à Amman en passant aujourd’hui par le Caire. En Egypte, c’est: « Moubarak dégage ». Demain, la Palestine avec les révélations de Wikileaks qui a démontré que l’Autorité palestinienne voulait brader Jérusalem et la Palestine avec, pour avoir  in fine, un Etat ni viable ni fiable s’embrasera-t-il aussi ?

Hier, mardi, toute l’Egypte s’est donc enflammée. 15 000 personnes dans la rue. Même les Frères musulmans sont de la partie, ne voulant pas se laisser doubler comme les partis islamistes en Tunisie.  Alors qu’il y a eu plus de 15 morts, après que la police ait réussi à disperser les manifestations aux environs de minuit nous indique Le Parisien, la question est de savoir si le vieux dictateur Hosni Moubarak, 29 ans déjà au pouvoir, va céder face à la mobilisation de la  rue…

Le Caire a un soutien de poids du côté de son allié fidèle, Washington. Hillary Clinton, la secrétaire d’Etat nous fait une alliot-marinade en annonçant que le pouvoir égyptien est stable. Elle au moins n’a pas proposé l’envoi de troupes. Pendant ce temps, indique encore Le Parisien, une femme scandait ces mots: «Moubarak dégage, tu es injuste, tu nous affames, tu nous tortures dans tes commissariats, tu es un agent des Américains».

Quand on sait que le téléphone arabe est efficace, ajouté à ça maintenant les réseaux sociaux, il faut craindre le pire pour le pays des Pharaons. Les signes avant-coureurs de la révolte s’étaient manifestés avec une série d’immolations, tout comme en Tunisie. Néanmoins, malgré le nombre considérable de jeunes dans la rue, le ministre de l’Intérieur égyptien, Habib al-Adli, a dit sa détermination, pour mater les « inconscients ». On a aussi appris très tôt ce matin, que des sites communautaires et de mirco-blogging comme Facebook ou Twitter ne sont plus accessibles en Egypte…

Plus de 90 000 personnes seraient prêtent à descendre dans la rue. Le pouvoir d’Hosni Moubarak vacillera-t-il pour autant ? Sachant qu’il a un permis de tuer, ce que les Américains ont refusé d’accorder au Tunisien Ben Ali, on peut craindre une saignée probable, si les manifestations continuent. Parlera-t-on demain de la révolution des Pharaons d’Egypte ?

Les fils Moubarak, principalement Gamal  son probable successeur à la tête de l’Egypte et Alaa son frère aîné, ne sont pas à la fête et craignent le pire pour leur vie et sont désormais cloîtrés selon des informations fiables venues du Caire. Le Tsar égyptien va-t-il tenir face à la rue et accélérer sa succession ? Rien n’est moins sûr. La Tunisie n’est pas l’Egypte…