Sans effets de style trop visibles, Sulzer module ses récits avec une sorte de musicalité prenante et même envoûtante, qui rend admirablement aussi le contraste entre l’étouffement social et la violence nue d’un désir irrépressible.
Si le poids des années 50, en Suisse moyenne, marque cette «autre époque» où l’artiste, l’original ou le « déviant » sexuel étaient plus ou moins soupçonnés de folie, le roman va au-delà de la dénonciation du conformisme social et de l’homophobie, qui persistent d’ailleurs aujourd’hui sous d’autres formes. Le regard du fils sur « son père, cet inconnu », qu’il découvre en osant transgresser le secret de famille tenu par la mère, dont la douleur est également bien filtrée, donnent à ce livre une dimension émotionnelles tout à fait remarquable.