- D’une certaine manière, vous semblez ici marcher sur ses traces. Il était le créateur de la fiction-réalité. On l’a même accusé d’avoir réellement tué certaines de ses héroïnes. Peut-on parler ici de transmission ?
- Je vous rassure, je n’ai pas tué mon père ! Pour revenir à cette polémique que vous évoquez, je ne crois en rien à ces calomnies. Non, ce n’était pas un Barbe Bleu. Il s’est juste inspiré des trous noirs de sa vie, des disparitions inexpliquées des femmes qu’il avait aimées. Pour transcender leur absence, il en a fait des livres, c’est tout. Il a tourné sa propre douleur au ridicule. C’était aussi pour lui une manière de se protéger. Cela doit être pareil pour moi. Dans ce cas-là, oui, j’ai hérité de l’atavisme familial. Je mens comme je respire, méfiez-vous ! (rires)
- La couverture vous montre debout, au premier plan, avec le visage de Luis Mendoza derrière vous, en énorme, le regard protecteur. Ce choix traduit-il la volonté de rester sous l’ombre protecteur de votre père ?
- J’étais à côté de mon père quand il est mort. Je lui tenais la main, son dernier souffle, c’est moi qui l’ai recueilli. Notre relation est à l’image d’un cadran solaire, faites d’ombres et de lumières qui varient le long d’une journée.
- Ce regard, Luis Mendoza le portait-il sur vous au quotidien ?
- Mon père ne me voyait que lorsque j’étais à ses côtés.