Que dire face à un parent qui nous dit « cette heure de colle est injuste, mon fils ne viendra pas » ? On peut s’évertuer à lui expliquer que ça ne nous amuse pas de coller (personnellement, c’est en dernier recours, je considère ça comme un échec, mais hélas, bien souvent, c’est la seule chose qui fonctionne), les parents ne changeront pas d’avis.
A un moment donné, notre champ d’action devient restreint. Quand on met un mot à un élève qu’on a coursé dans les couloirs parce qu’il s’est enfui d’une salle d’étude et qu’à la récré on l’entend dire à ses amis « ma mère, quand elle va voir ce mot, elle va encore péter un câble et dire que les pions, ils ont vraiment rien à faire de leur vie », on se demande si tout ce qu’on fait n’est pas vain.
En fait, si je continue de mettre des mots à ces élèves que leurs propres parents couvrent, ce n’est pas tant pour les punir, parce que je sais que ça ne change pas grand-chose, mais plutôt pour maintenir l’illusion d’une certaine justice auprès de leurs camarades, ceux à qui la simple idée d’un mot sur le carnet fait encore peur.
Source et reste du texte sur Rue 89