First I was afraid, I was petrified...

Publié le 28 janvier 2011 par Valou94
Mes petits clous,
Je ne passe pas ma vie à me plaindre.
Presque jamais en fait. Pas assez, d’ailleurs, même au gout de mon mari (si, c’est possible).
Donc on va arrêter là les jérémiades, parce que ce n’est pas moi. Je voulais juste vous dire que je serai sans doute encore plus cynique, désabusée, et caustique les prochaines semaines, rapport à des journées pas toutes roses au bureau. La preuve que ça ne va pas, je suis en train de réviser l’ensemble des citations de Pierre Dac, Woody Allen et Pierre Desproges. Oui, je sais, je ne suis pas loin du fond.
Heureusement certaines personnes de mon entourage, très proches ou moins, mine de rien (mine de crayon), me remontent le moral, sans même s’en rendre compte, pour certains, pour certaines. Merci donc à mes antidépresseurs naturels d’être là…
Fin de la parenthèse.
Je me suis inscrite, récemment, à un atelier d’écriture.
Non, ça ne veut pas dire que je passe des heures concentrée sur une feuille blanche à tirer la langue et à calligraphier des lettres chinoises. Rien à voir. D’ailleurs, tout ceux qui connaissent un peu ma dextérité de gauchère dans le maniement d’un stylo à encre comprendront que ce n’est pas envisageable (ou alors extrêmement avant-gardiste).
Dans cet atelier, les autres participants et moi-même (soit un pauvre homme esseulé égaré au milieu d’une meute de femmes entre deux âges, plus moi) devons produire des textes, dans un temps extrêmement limité (une vingtaine de minutes), avec un certain nombre de contraintes supplémentaires (sujet, forme du texte, ton, etc).
J’ai voulu partager le dernier avec vous, brut de pomme (donc non retravaillé, même si bon, il y aurait matière), juste pour que vous voyiez un peu ce que ça donne. J’en partagerai sans doute d’autres dans les prochaines semaines, si ça vous dit. Sinon, je les remettrai dans ma guitare, comme M. Brassens (et je précise, pour info, qu'il a été écrit avant les journées pas toutes roses, pas de rapport donc).
Le thème était le suivant : écrire un texte narratif qui fasse ressentir physiquement les émotions du sujet. Et hop, Gerflor.
Le ciel m’est tombé sur la tête. C’est ce qu’on dit, dans ces cas là. Je devrais ressentir quelque chose.
Tomber, pleurer, hurler, supplier.
Vide. Je me sens vide, vide et comme anesthésiée. L’information est entrée par mon oreille gauche, celle qui était contre le combiné. Puis l’information a rebondi, de ci, de là, à l’intérieur, amortie puis étouffée par la gigantesque éponge de mon corps, elle est allée se perdre quelque part, près de la poitrine. J’ai froid, par là. A un endroit imprécis, un peu à gauche du sternum, un froid glaçant, qui pénètre jusqu’au cœur.
J’aimerais m’asseoir, lâcher ce téléphone, dormir.
Et puis, presque par inadvertance, comme une immense marée brûlante monte de mon bas-ventre.
Je reste muette, immobile, à observer ce déferlement, jusqu’à ce qu’il engloutisse mon cœur, dont les battements s’accélèrent brutalement, puis mon cerveau, jusqu’à ce que je ne sois plus qu’un bûcher ardent.
Pourquoi ? Pourquoi ?
Ma mâchoire me fait mal, à force de serrer les dents.
Un craquement.
J’observe, incrédule, les longues aiguilles de plastique plantées dans ma main gauche. Et les gouttes de sang, nombreuses, qui tombent unes à unes sur la moquette beige et élimée du salon.
A bientôt, mes petits clous!