ENCRE D’UNE DISPARUE
II
que fallait-il, que notre
cœur a perdu ? — la minute
ouverte comme un regard,
je serrais trop fort
sa main… — peut-être
en elle, en moi, longtemps
l’effroi, l’écoute un peu
moins vaine : après d’infinies
confidences une autre
mort, qui ne dérobe
rien…
ni son pas qui répète
ni l’éprouvant soleil,
ou des deux la traque
aveuglante, ne donnèrent,
marquant son visage, visage
à son amour
et non plus l’éclair,
l’enclume ou le sureau
mais des mots
l’emportement,
presque un mensonge
insoucieux d’elle
à la santé de la nuit
que déjà l’aube persuade,
un toast :
mon bras
levé à contre-jour
quand le jour se lève
et, rien ne venant,
devenu jour lui-même
en son geste
la buée des chambres : nos larmes contenues
l’eau première de l’éveil : un ordre de vivants
dès ce jour où elle n’est
plus, sinon trace
d’escargot sur la pierre,
une coulée de pluie et d’air,
infime, retient l’orage
dans la vitre
Bernard Simeone, Encre d’une disparue, La Cécilia, 37700 Saint-Pierre-des-Corps, 1990, pp. 11-12-13-14. Collection dirigée par Tristan Hordé.
■ Voir aussi ▼
→ (sur le site des éditions Verdier) plusieurs pages consacrées à Bernard Simeone
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