Agir vaut mieux que gémir – Quand la liberté s’en mêle

Publié le 30 janvier 2011 par Veille-Education

Dans le combat pour la liberté de l’enseignement dans les années 50, Jean Bouyer, un complice de Monseigneur Cazaux, évêque de Luçon, disait volontiers : « on n’a raison que de ce qu’on remplace ». Ainsi pensaient déjà Charles de Montalembert et Lacordaire en ouvrant à grand bruit, en 1831, la première école libre. Ils préparaient le terrain à la loi Faloux qui allait libérer l’enseignement primaire et secondaire en 1850. Plus tard, en juillet 1875, ce fut l’enseignement supérieur. Dès novembre, Monseigneur Freppel, évêque du diocèse, (encore un évêque !) posait les bases de l’Université catholique d’Angers.

Chaque fois, quoique plus ou moins rapidement, le mimétisme a joué. 20 ans pour la liberté des premiers cycles, 100 ans pour l’enseignement supérieur avec l’ouverture d’une université publique à Angers. On pensait (et peut-être espérait-on ?) que cette dernière allait sonner le glas de la précédente. ll n’en fut rien, au contraire. Elle l’a poussée à innover. Tandis que la loi Faure supprimait les facultés pour les remplacer par d’hypothétiques UER (unités d’enseignement et de recherche), la « Catho » mettait en place les premiers instituts universitaires professionnalisés. Et là encore, il n’a fallu que quelques années pour que l’idée germe aussi dans l’enseignement supérieur public !

Au moment où la France doit convenir de la faillite de son système éducatif, le temps paraît venu pour tous les citoyens de mesurer la gravité de l’enjeu et de penser à un remède. « L’éducation est notre avenir » ont clamé ces jours-ci les enseignants. On comprend leur inquiétude. Mais l’enseignement est surtout l’avenir de la France et des petits français, d’où qu’ils viennent.

Alors il faut d’abord penser à former les enseignants. « Autrement on va dans le mur » s’alarme un syndicaliste. Il a raison. Mais cette formation est un problème très complexe. D’autant qu’on prétend parler d’éducation et pas seulement d’instruction. Il s’agit donc de donner aux futurs maîtres le souci de l’éducation. Or le terrain n’est pas favorable. Le contexte est au laisser aller et la bonne tenue est assimilée à de l’affectation. Qu’il s’agisse de vêtements, de comportement ou de langage, il semble que beaucoup de candidats relèvent au moins d’un sérieux recyclage. Est-ce réalisé, voire même envisagé, dans le cadre (?) actuel de la formation ? Faute de quoi il serait vain d’espérer une amélioration chez les élèves.

S’agissant de l’instruction, il faut distinguer le savoir et la méthode. On conçoit que le savoir soit de la compétence de l’université. Le niveau « bac +5 » s’il peut être souhaitable pour la culture générale, ne l’est peut-être pas pour enseigner en primaire. On pense plutôt à une connaissance pratique des enfants, acquise dans des stages auprès d’enseignants chevronnés ou encore, -pourquoi pas- dans l’encadrement de mouvements de jeunesse.

Mais tout cela serait illusoire faute de procéder d’un véritable intérêt pour l’enfant. On peut rêver de la meilleure formation professionnelle, cet intérêt est primordial. L’enseignement reste un artisanat qui doit s’adapter à chaque personne. On sait de longue date que « pour apprendre le latin à John, il faut d’abord connaître John ». A quoi pourraient donc servir des méthodes élaborées dans des laboratoires parisiens pour des enfants définis par des statistiques, des enfants que jamais personne n’a rencontrés ?

En face d’un disfonctionnement généralisé qu’on peut sans doute attribuer à une telle gestion centralisée et donc inévitablement idéologique, il faut décréter la mobilisation générale des imaginations pour inventer un nouveau type d’écoles. Il faut que tous ceux qui le peuvent n’hésitent pas à investir pour soutenir cette cause nationale et permettre que s’ouvrent, dès aujourd’hui, ces écoles de l’avenir.

H.M. Houard 26 01 11