Magazine Journal intime

Puisque rien ne dure...

Publié le 31 janvier 2011 par Araucaria
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Quatrième de couverture :
"Je meurs voilà ce qu'elle m'écrit Vincent je meurs viens me voir viens me revoir une dernière fois que je te voie que je te touche que je t'entende viens me revoir Vincent je meurs. Et au bas de la feuille, en tout petit, presque illisible, son prénom, Geneviève, tracé lui aussi au crayon à papier, comme le reste de la lettre, de la même écriture tremblante, défaillante, si ce n'avait été ces mots-là on aurait pu croire à l'écriture d'un enfant, on aurait pu sourire, froisser la feuille, la jeter à la poubelle et l'oublier; mais non, ce n'est pas un enfant, c'est Geneviève qui meurt."
Laurence Tardieu
Rarement on aura décrit avec autant de finesse et d'intelligence l'inéluctable désagrégation d'un couple face à la perte d'un enfant - Marianne Payot, L'Express.
- Ne soit pas inquiet pour moi, Vincent. Tu sais, je suis déjà un peu partie. Le plus difficile, ça a été il y a quelques semaines : lorsque j'ai compris que tout était fini et que je mourrais sans revoir Clara. c'est idiot, n'est-ce pas? C'est la certitude de ma mort qui m'a fait définitivement croire à sa mort. Avant subsistait quelque chose comme... pas un espoir, non. Le mot serait trop fort. On ne peut pas attendre quinze ans son enfant et continuer à espérer qu'il revienne un jour. Mais quelque chose comme... un flou autour de sa disparition, une équivoque. Une trouée possible. L'homme croit aux miracles. Même dans les circonstances les plus dramatiques, il croit encore qu'il peut s'en sortir. C''est sans doute pour ça qu'il parvient à tenir debout dans l'enfer.
Elle me regarde. Son visage est clair. Elle est belle. Je sais pourquoi nous nous sommes aimés.
-Tu comprends, lorsque le médecin m'a dit que c'était la fin, je me suis dit, tout à coup, comme au sortir d'un très long rêve : que me reste-t-il désormais? Y a-t-il encore quelque chose d'essentiel, à côté de quoi je ne veux pas passer? La réponse a été évidente : c'était toi. Ce que nous avons partagé, Vincent, notre amour, puis Clara, puis sa disparition, c'est ma vie. Sa joie et sa déchirure. Le reste n'a aucune importance. Pourquoi faudrait-il ne retenir de la vie que sa part de lumière? C'est l'ombre qui donne à la lumière sa splendeur. Cela peut paraître effroyable de dire ça, mais, tu sais, si nous n'avions pas perdu Clara, je n'aurais pas su la valeur de l'instant, la valeur de la terre, des petites choses, la valeur de toi avec moi quelques heures cette nuit. Cette fraternité-là, plus forte que notre amour. Ne sois pas triste, Vincent. Ce n'est pas parce que je m'en vais plus tôt que d'autres que je perds quelque chose d'important. Je rends grâce, au contraire, de connaître ces instants. L'éternité n'est pas dans le temps, elle est dans la profondeur. Dans son vertige. Je ne sais pas à qui je rends grâce, je ne sais pas si la mort ouvre sur quelque chose, mais je crois que cette lumière-là, d'une manière ou d'une autre, subsistera. La lumière ne se dissipe pas : elle demeure. (...)
Laurence Tardieu - Puisque rien ne dure - Le Livre de Poche n° 30917 -

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