Invité un soir de L’Humeur vagabonde, l’un des fondateurs de la revu XXI, avait raconté qu’on lui proposait toujours trop de sujets "à l’occasion de"… « Mais je m’en fous, de l’occasion, disait-il. Si une histoire ne vaut que "à l’occasion de", elle ne vaut rien. Tout ce qui m’intéresse, moi, ce sont les histoires ! »
Un vent de fraîcheur était entré dans la librairie, c’était parfait (l’hiver n’était pas encore là).
La mort m’attendra a certainement été publié à l’occasion de la Coupe du monde en Afrique du Sud. Sauf qu’il n’a peut-être pas été pilonné en même temps que tous ses voisins de table de l’été. Et tant mieux. Claire Raynaud y raconte l’histoire de Pierre Ndaye Mulamba, buteur vedette de l’équipe du Zaïre, première équipe d’Afrique noire qualifiée pour la Coupe du monde – c’était en 1974. Une histoire de foot, un peu, mais aussi de politique, beaucoup, et d’hommes, toujours. Comment onze joueurs, protestant contre la corruption d’un régime, décident en direct (en pleine coupe du monde!) de se laisser battre 9-0 par la Yougoslavie. Comment, plus tard, un ministre des sports exige d'un footballeur qu’il lui remette une médaille fraîchement acquise, parce qu’il va bientôt rendre visite à Mobutu et qu’il voudrait la lui donner. Comment ce footballeur se retrouve battu à mort après avoir refusé. Comment ce même sportif, vingt ans après la gloire, se retrouve gardien d’un parking sauvage au Cap…
Une belle et triste histoire, lue à l’occasion de rien du tout – ou peut-être, sans le faire exprès, de la révolution tunisienne. Parce que c’est une histoire parfaite pour se rappeler que démocratie ou pas, rien n’est pire que la corruption dans le gouvernement des peuples.
C’était la minute Acheter un livre neuf comme s’il était d’occase. Bonne semaine.