Magazine Journal intime

Étrennes pas derrière

Publié le 31 janvier 2011 par Louloute01

 

[un jeu de mots pourri est caché dans le titre de cet article : sauras-tu le retrouver ?]

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Deux jours avant Noël, j'ai découvert qu'on ne volait qu'aux pauvres puisqu'on m'a élégamment piraté ma carte bleue, me laissant sans moyen de paiement pendant près de 3 semaines. Pour information, on PEUT vivre sans CB. Si si, on survit, même si j'en doutais lorsque j'ai versé toutes les larmes faciles de mon corps quand on m'a appelée pour m'annoncer la perte de 500 euro, parce que je ne suis qu'une angoissée qui n'arrêtait pas de répéter au  banquier "et ma taxe d'habitation, vous aller la laisser passer hein?"

Il était donc grand temps, en récupérant enfin le Sésame, de penser aux étrennes pour la gardienne !

Je n'avais jamais eu de gardienne (enfant de la campagne va!) et cela fait d'ailleurs plusieurs fois que je voulais vous la camper, parce que c'est un vrai personnage ! Mais je craignais de tomber dans le cliché... Elle parle avec un accent portugais incroyable, elle passe la serpillère en talons hauts et boucles d'oreilles dorées, lorsque l'on passe devant sa loge, une délicieuses odeur de nourriture s'en échappe et elle a fait un mignon petit sapin pour Noël.

Je me tortillais depuis des semaines, en demandant à tout le monde, combien eux donnaient et combien il fallait donner, histoire de ne pas passer pour une radine non plus. Mais comme l'Etat français m'a confondue avec la vache Milka, les finances étaient plus que justes et j'étais pétrifiée de honte en lui  tendant samedi mon enveloppe contenant un pauvre billet.

L'Homme, dans la rue, était mort de rire, se moquant de moi et de mon "respect des traditions". J'ai essayé de lui faire comprendre, que plus qu'une simple convention sociale ou un geste de politesse, j'avais vraiment envie de donner quelque chose à cette femme.

Il me disait qu'elle ne faisait que son travail et qu'elle était déjà payée et qu'à la vue des habitants de l'immeuble, elle devait toucher de belles étrennes qui compenseraient ma "justesse".

Je lui ai demandé si au quotidien, il connaissait des cons. C'est facile, on en connait tous ! Des collègues, des clients, le vieux dans le bus qui va pousser une femme enceinte (véridique!) parce qu'elle lui prend sa place, bref, si l'on mettait tous les cons dans les placards, il n'est pas certain qu'il reste beaucoup de gens pour fermer les portes.

Nous devons vivre avec, nous sommes obligés de supporter la nana qui s'arrête au milieu de la rue pour aller chercher des cigarettes, le jeune qui va laisser sa canette vide sur le siège du métro… mais de temps en temps, nous croisons des gens biens ! A la lecture de certains statuts FB, on dirait que vous n'évoluez QUE parmi des connards : sachons reconnaitre ceux qui n'en sont pas, ceux qui font correctement leur boulot, ceux qui te réceptionnent ton colis quand tu n'es pas là, alors que oui, d'accord, ils sont payés pour le faire, mais ils le font avec bonne humeur.

Bien entendu, dans mon monde à moi, j'aurai envie de faire quelque chose pour cette dame, quelque chose de grand, d'unique, mais on ne peut pas mettre le feu à l'appartement de ses voisins rien que pour le plaisir de les sauver j'imagine ? Et bien, il est une convention sociale qui est prévue pour remercier sa concierge d'être une femme disponible et serviable : les étrennes !

Alors tant pis si j'ai l'air de respecter les traditions et tant pis si je me sens coupable de n'avoir pas pu donner plus, parce que pour moi, elle le mérite amplement.


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