"La raison des limites".

consigne : Utiliser  les mots "raison" et "limite" dans le corps du texte.

Vendredi Evelyne et Maurice rentrent d'une soirée de retrouvailles. Bien arrosée cette soirée. Ils sont tous les deux un peu gris, un peu amer aussi. Rencontrer d' anciens potes perdu de vue depuis plus de dix ans, ça fout un coup au moral :

Evelyne dans l'entrée, enlève ses gants,  jette négligemment son sac sur la console et se penche pour enlever ses chaussures qu'elle balance où elle peut :...Au moins une fois dans ta vie admets le ! Je sais bien que souvent je ne réfléchis pas assez, je vais trop vite dans mes jugements et je me plante. Mais pour une fois, reconnais que je n'ai pas eu tort de penser qu'entre eux deux il y avait quelque chose de pas très clair. T'as vu comme il la regardait ? Elle semblait bien intéressée. Tu te rends compte ? Avoue que c'est quand même trop drôle, ils se connaissent depuis des lustres, on aurait même pensé qu'ils feraient leur vie ensemble et puis non, elle a rencontré l'Autre et elle a l'a laissé tombé du jour au lendemain, sans un mot d'explication. Reconnais que c'est une garce. Voilà que maintenant elle lui fait les yeux doux ! Je te dis que c'est intéressé parce que monsieur a réussi dans la vie et que l'autre rame toujours entre des boulots précaires et qu'ils en bavent. Tu ne crois pas qu'elle a envie de changement, de s'aérer un peu ? J'ai pas raison ? Tu sais, c'était une bonne copine, on en a fait des bêtises ensemble. Je la connais suffisamment pour savoir de quoi elle est capable, et ce n'est pas ses cinq gosses qui l'empêcheront de faire ce dont elle a envie. Qu'est-ce que tu en penses ? Pourquoi tu ne me réponds pas ? De toutes façons, je ne lui donne pas tort, elle doit s'emmerder avec JP. Il est brave mais chiant, toujours avec ses potes à refaire le match pendant la troisième mi-temps. Ce ne doit pas être marrant pour elle. Enfin, je ne vais pas non plus la plaindre, elle l'a voulu, elle l'a eu ! Hein ? Tu dis quoi ?Evelyne continue à soliloquer en enlevant  ses collants, et enfin... le reste, elle se retrouve en petite tenue, en se massant les pieds  dans le salon : Finalement je me demande si je ne ferais pas pareil à sa place tu sais ? Parce que bon la routine ça va bien un moment. Tu m'entends ? Qu'est-ce que tu fabriques ? Ah oui, tu es occupé ! D'ailleurs tu es toujours occupé quand je te parle, je ne sais même pas si tu as  entendu  ce que je viens de dire Maurice. Maurice, tu penses quoi pour nous ? On s'en sort pas trop mal quand même ! Tu m'entends ? Tu sais, l'autre je suis allée faire un tour en ville, j'ai repéré un petit truc là, je suis sure que ça te plairait.Maurice déboutonnant sa chemise : Ah, c'est sympa ça, c'est quoi ?Evelyne jouant comme une vamp avec ses cheveux : Oh, tu sais ce n'est pas grand chose, mais je suis certaine que tu aimeras. Demain c'est samedi, tu veux qu'on aille voir ensemble ?Maurice : Si tu veux, mais tu sais, ça peut attendre, ce n'est pas ma fête ni mon anniversaire, tu sais bien que nous aussi on doit faire un peu attention en ce moment.Evelyne surprise : Ben oui je sais bien que ce n'est ni ta fête ni ton anniversaire. Mais tu as vu les bijoux de la pétasse ? Oui ? et bien j'avais repéré quelque chose l'autre jour, et je crois que, la quand même je mérite au moins autant qu'elle, surtout si on les voit à nouveau bientôt ! Tu sais la petite bague que j'ai vu l'autre jour, elle sera sympa sur moi ? T'es d'accord mon chéri ? J'ai regardé au niveau du budget ça le fait. Tu dis rien ?Maurice esquisse un étranglementEvelyne toute tendre : Mon chou, qu'est-ce qui t'arrive, ce n'est pas parce que je l'ai traitée de pétasse quand même.Devant la pâleur extrême de Maurice, Evelyne comprend soudain : Quoi Maurice ? C'est TOI qui lui a offert ces bijoux ? T'est pas gonflé ! Il y a des limites quand même. Bon on va quand même en ville demain matin ?
Ckan01.02.2011Impromptus littéraires
P.S. Ce Maurice là, n'a rien à voir avec celui-là, évidemment !