Le ministre aux Affaires européenne ne résiste pas à la tentation de noyer le scandale :
« Madame la Députée, Monsieur le Député,
Plusieurs d’entre vous ont tenu à attirer mon attention sur les lacunes d’un agenda édité par la Commission européenne. Je souhaite vous exposer dans ce courrier le détail de ce qui est advenu afin que vous puissiez répondre aux inquiétudes de nos compatriotes.
Il s’agit d’un agenda qui a été distribué à tous les étudiants de France et de nombreux pays européens. La démarche n’est pas inintéressante, et vise à promouvoir l’Europe auprès des jeunes générations. Alerté par des habitants de mon département de Haute-Loire, je me suis penché sur le contenu de cet agenda : le choix a été fait d’y mentionner certaines fêtes religieuses, mais d’omettre les fêtes chrétiennes. On y trouve ainsi les fêtes de nombreuses religions, sans compter halloween, mais rien pour la Toussaint , Noël ou Pâques. Je comprends que certaines personnes aient pu être choquées par cela.
Les rédacteurs de cet agenda ont également fait le choix de mettre en valeur des sujets plus anecdotiques tels la naissance du premier homme en Antarctique, mais omettent de mentionner certains faits fondateurs de l’Union européenne, ou de parler de certaines figures qui ont joué un rôle majeur dans la promotion des idées et des valeurs européennes.
J’ai donc immédiatement saisi la Commission européenne pour lui faire part de mon inquiétude. J’ai également demandé au Commissaire européen John Dalli, chargé de ce dossier, d’apporter des explications et des assurances sur les moyens de corriger ces lacunes. J’ai enfin souligné la nécessité de tout mettre en œuvre afin d’éviter qu’une telle situation ne se reproduise. La Commission a depuis répondu à mes demandes, en reconnaissant ces anomalies, et en précisant qu’elles étaient non-intentionnelles.
La Commission s’est en particulier engagée à écrire à l’ensemble des établissements scolaires destinataires de cet agenda. Et je crois qu’il faut reconnaitre que la Commission a bien réagi ce qui est d’ailleurs conforme à la politique attentive aux religions menée par le président Barroso.
Cette affaire est révélatrice d’une dérive très grave que j’ai choisi de combattre. Je crois profondément en la construction d’un espace politique, économique et social européen. Mais je crois aussi profondément en l’importance d’une Europe qui assume son histoire, y compris religieuse. Sans cela, nous renforçons le sentiment de construire une coquille vide, un espace désincarné, en suspension, sans attache. On ne peut continuer de nier l’Europe «des clochers» qui est aussi constitutive de notre identité européenne.
Vous trouverez ci-joint une tribune que j’ai publiée dans le Journal du Dimanche sur ce sujet.
Je vous prie d’agréer, Madame la Députée, Monsieur le Député, l’assurance de toute ma considération.
Laurent Wauquiez »