La ligne 13, c’est ma ligne de coke. Nous en sommes tous fous, personne ne décroche. On ne l’aime guère pourtant mais tous les matins, on y replonge. On est accro. Pouah, ça pue. Allez, on se presse encore plus fort contre la petite, ses seins pointus de donzelle contre notre cuir urbain, la mémé qui souffle à nos côtés, l’asthmatique qui retient sa crise et le grand black qui dodeline de la tête et nous surveille, casque aux oreilles et musique plein la tête.
La ligne 13, c’est ma ligne de chance. Pouah, trop de proximité, on ne peut même plus respirer. Qu’importe, on se presse, on se serre sur la piste de danse. On soulève les strapontins. Hop, c’est parti, le train redémarre et l’on tangue tous ensemble. Rêvons d’ailleurs, d’un lieu qui n’existe pas et où nous ne sommes pas.
La ligne 13, c’est ma ligne de veine. Attention, 13 à la douzaine ! On est tous au rabais ici. Emballés, empaquetés, compressés et prêts à être vendus. Pourtant, on garde la tête haute, on est bien obligé sous peine de ne pas respirer.
La ligne 13, c’est ma ligne de cœur. J’ai rencontré un homme ce matin, et ça a bondi dans mon ventre et dans ma poitrine. La vie est belle. Tralalère… La ligne 13, ma ligne de coke, ma ligne de chance, ma ligne de veine, ma ligne de cœur.