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Saint Frère André (1) : un modèle de foi pour notre temps

Publié le 02 février 2011 par Hermas

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L
a figure du frère André se situe à la jonction de deux mondes très contrastés. Il y a d’abord le Canada français de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Albert Bessette, de son nom de baptême, a vécu dans une société très religieuse et plutôt pauvre, marquée par un mouvement des populations qui partaient des campagnes pour venir s’établir en ville. Le Québec de cette époque est aussi caractérisé par la dualité catholique-protestante et par la volonté des Canadiens français d’acquérir l’autonomie économique et culturelle. Dans cette société en quête de son identité, où plusieurs avaient la vie dure, cet homme humble et droit – à la fois fragile et courageux – a été amené à quitter son village natal et à s’ouvrir à d’autres cultures pour assurer sa survie. Il est allé travailler aux États-Unis, puis est revenu au Québec avant d’être admis chez les Pères de Sainte-Croix comme frère laïque, en 1870.

Par la suite, au fil de milliers de rencontres où il a fait office de confident, de thaumaturge et de sage, il est devenu une figure populaire dont la renommée s’est étendue bien au-delà des frontières québécoises et canadiennes. Son héritage probablement le plus connu – et certainement le plus visible – est l’Oratoire de Saint-Joseph du Mont-Royal qui domine la montagne en plein cœur de Montréal. Ce fleuron des temples catholiques d’Amérique du Nord est le plus important lieu de pèlerinage du monde dédié à Saint-Joseph.

Mais le legs du Frère André ne s’arrête pas là. Il y a aussi un visage très actuel à son histoire et à son message, qui prennent forme dans une toute autre culture : celle du Québec et du monde d’aujourd’hui, qui ont été témoins de sa canonisation, le 17 octobre 2010.

Dans le Québec de ce début de XXIe siècle, qui a largement pris ses distances par rapport à l’institution religieuse catholique, la figure du frère André tranche sur le paysage. À la différence de ce qui se vivait au début du siècle dernier, le Québec d’aujourd’hui est pris d’assaut par une surenchère de consommation, ainsi que par les pressions constantes du modèle économique néo-libéral. Notre société est aussi marquée par des avancées technologiques qui progressent à un rythme ahurissant et ne cessent de faire reculer les frontières du savoir. Dans ce contexte, le message de foi du frère André peut sembler anachronique. 

Pourtant, les manifestations populaires qui ont entouré sa canonisation en 2010 nous portent à croire que malgré le fossé qui sépare ces deux mondes, le charisme du petit frère du Mont-Royal a une portée bien contemporaine. Si plusieurs églises du Québec sont aujourd’hui contraintes à la fermeture – dans une société où l’institution est souvent malmenée par l’opinion publique – on peut s’étonner de constater que les foules continuent de se rendre nombreuses à l’Oratoire Saint-Joseph pour s’arrêter, prier, se confesser ou prendre part à l’une des nombreuses eucharisties qui y sont célébrées dans le courant d’une journée. 

(à suivre)


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