Fusillé, le guerrier

Publié le 03 février 2011 par Fossemalrockdie

J'avais un pochon à la main.

Un bonnet sur la tête.

Je crois me souvenir de ces deux détails.

Autrement dit, je pense réellement que je n'avais rien de spécial.

Dans le pochon, il y avait quelques achats, des produits très ordinaires.

Mon bonnet est lui aussi très passe partout.

Nous sommes-nous heurtés en nous croisant ?

Ou risquions-nous de nous heurter, au vu de nos trajectoires ?

Je n'en sais absolument rien.

En clair, sur la manière dont la conversation s'est engagée, je ne pourrai rien dire.

Mais, très vite, l'homme s'est enflammé.

Il y avait de quoi.

"C'était il y a longtemps…".

"Mais", ajouta-t-il, "n'ai-je encore pas fière allure à mon âge ?"

Ma réponse est oui.

Je l'ai tu.

A 20 ans, il avait brûlé les villages de l'ennemi.

Il en avait brûlé beaucoup.

On l'avait promu au front.

A 20 ans, il avait dit oui.

Au moment de tirer, il avait dit non.

A 20 ans.

"C'était il y a longtemps…".

"Mais", ajouta-t-il, "n'ai-je encore pas fière allure à mon âge ?".

Ma réponse est oui.

J'aurais dû lui dire.

Mais il n'attendait pas de réponse, il reparlait des villages qu'il avait brûlés.