En toi ce que je déteste, c’est le mal que je te fais

Publié le 23 janvier 2008 par Pascal

Ce matin, je suis d’une humeur massacrante. Ma semaine monoparentale s’est terminée hier sous une mauvaise note, une fausse note, une note désagréable que je ne veux plus réentendre avant la fin de ma symphonie. Je suis arrivé au boulot quasiment de reculons et le premier qui me pile sur les pieds ne sera pas mieux que de la chair à canon. Ce matin plus que tous les autres, j’ai une tolérance zéro au lichage, à l’incompétence, aux blasés de la vie et surtout aux tons de voix désaccordés.

Il faut que je respire…

Je sais que ma fille ne pense pas ces mots qu’elle m’a dit hier alors que nous étions en route pour notre rendez-vous chez l’orthopédagogue. Elle ne les pense pas car en sortant de là, elle m’a sauté dans les bras, m’a donné un gros bec sur le front avant de partir chez sa mère.

Je sais ce qu’est détester une personne, haïr son père. J’abhorre le mien au point d’avoir hâte qu’il trépasse pour entrer travailler le jour des funérailles et faire comme si rien n’était ; l’enfant de chienne qu’il est. Je devais avoir 4 ans ce jour-là et je me souviens très bien de m’être dit, alors qu’il vargait sur moi, qu’il pouvait bien me taper parce que j’étais petit mais, un jour, ce sera moi qui sera grand…

Ce n’est jamais arrivé parce je ne suis pas comme lui car, à mes yeux, il est un moins que rien. Et quand ma fille me dit « Je te déteste, Je te déteste. J’veux juste finir le rendez-vous parce que je m’ennuie de maman. » Je sais qu’elle ne le pense pas vraiment. Toutefois, ces mots entrent en harmonies avec une vielle partie de mon cœur comme s’ils eurent été criés par moi… il y a longtemps. Et ça me tue.

Lorsqu’elle est sortie de l’école, qu’elle est entrée dans l’auto, elle avait l’air contente de me voir et elle m’a offert son sourire. « Dis, quand tu souris comme ça, tu es pas mal belle ma grande. » J’ignore si c’est un effet de sa dysphasie mais elle déteste recevoir des compliments et ce, peu importe qui les lui offrent. Parfois ça la gêne, parfois ça la met en rogne. Je ne vais pas me retenir pour autant de la complimenter une fois de temps en temps. Elle est devenue marabout, terne. Je ne l’ai pas cru, lui demandant d’arrêter de faire semblant. J’ai reçu une fin de non-recevoir, la crise…

J’ai manqué d’écoute certes mais je ne sais jamais à quoi m’en tenir vraiment. Presque toujours elle me joue la comédie pour éclater de rire quelques minutes plus tard. J’ai cru qu’on y était encore. Mais non…

Alors voilà la fausse note. Je l’ai échappé celle-là.