sa façon, le frère André présente aux hommes et aux femmes de notre temps un modèle de vie simple et accessible, et offre une voie d’entrée dans l’expérience mystique chrétienne. S’il n’a pas connu le rayonnement théologique d’autres grandes figures récentes de l’histoire chrétienne – comme Thérèse de Lisieux ou Mère Térésa de Calcutta, par exemple – c’est en partie parce qu’il n’a pas laissé de traces écrites de sa pensée et des accents particuliers de sa relation à Dieu. Son expérience spirituelle s’est transmise de bouche à oreille, d’un croyant à l’autre, et notamment grâce aux nombreux témoignages des personnes qui l’ont côtoyé.
Or, aux croyants actuels, le frère André lègue d’abord un exemple de vie. Dès son plus jeune âge, Alfred Bessette n’a pas fui devant les difficultés, mais les a plutôt affrontées avec courage et détermination, en s’appuyant sur une foi indéfectible en Dieu. Alfred était à peine instruit, issu d’une famille pauvre, et il a été rapidement confronté à l’exigence de développer son autonomie, suite à la mort prématurée de ses parents. Aussi, il aurait pu se laisser aller au découragement ou à la criminalité. Mais bien au contraire, l’homme de Dieu a toujours fait preuve d’inventivité et de débrouillardise, pour trouver une issue aux difficultés qui se présentaient. C’est ainsi qu’il n’a pas hésité à se déplacer d’un lieu à un autre pour trouver du travail, et a constamment développé des habiletés nouvelles pour répondre aux exigences d’un métier. En toutes circonstances, sa priorité a été la vigilance à la prière et la disponibilité intérieure aux appels de Dieu.
Il ne fait aucun doute qu’André Bessette avait une claire conscience de la boussole spirituelle qui le guidait. Un socle intérieur de foi et de confiance – sur lequel se sont appuyés ses choix de vie, ses solidarités d’Église et son ministère – l’a bien gardé des pièges d’élitisme ou d’inauthenticité auxquels on associe parfois l’église puissante des années d’après-guerre au Canada français.
(à suivre)