Monique.

Publié le 05 février 2011 par Douce58

       L’arrivée dans ma famille de ma petite sœur Monique m’avait rempli de joie. Je l’avais annoncée avec fierté plusieurs semaines à l’avance à mes petits camarades du Cours Préparatoire. Elle naquit le 9 Décembre 1949 et fut cette année-là mon précoce et plus beau cadeau de Noël. Je l’affublai d’une foule de surnoms grotesques et affectueux : Trontrone, Drindraine, Parifoustaque, etc. J’étais très attentif à elle. Un jour (nous étions alors en vacances dans un village du Conflent) qu’elle jouait assise dans son parc, elle culbuta et sa tête passa entre les barreaux de bois. Elle resta le cou pris et se mit à pleurer. Je me trouvais dans la même pièce. Terrorisé, j’appelai mes parents à grands cris. Mon père se précipita et, écartant les deux barreaux, qui faisaient un carcan à ma petite sœur, la délivra.      Monique était une enfant adorable aux grands yeux noirs et doux, aux joues rondes. Notre mère lui partageait les cheveux par une raie et les tressait en coques sur les oreilles. Cette coiffure s’appelait « les écouteurs ». Grand-mère Grâce, qui était très pieuse, l’habilla, quand elle eut trois ans, en religieuse, pour la faire participer à la procession de la Sanch, qui marque le Vendredi Saint à Perpignan. Ce costume de religieuse n’était pas n’importe lequel. C’était, fidèle jusqu’aux détails, celui des clarisses : sandales, robe de bure brune serrée à la taille par une cordelière à trois nœuds, long chapelet à grains de buis, guimpe blanche et voile noir.