Jean-Marie Codognès et les fantômes.

     Il y avait les frères Codognès, dont l’un, Pierre, avait des talents d’illusionniste et l’autre, Jean-Marie, n’avait pas son pareil pour raconter de terrifiantes histoires de fantômes.  L’abbé et Georges Marin en savaient aussi, mais c’est en écoutant Jean-Marie Codognès que nous frémissions le plus... 
      La dame blanche apparaissait sur le chemin de ronde du vieux château, tandis qu’un cri terrible déchirait le silence de la lande...   Des cryptes lugubres abritaient des sépulcres, qui s’ouvraient pour livrer passage aux revenants et autres morts-vivants...   Ces histoires me donnaient la chair de poule, mais j’en raffolais, même si le soir, en rentrant chez moi, je tirais par-dessus ma tête le col de mon manteau, tâtonnant dans les ténèbres de l’escalier, la main glissant sur la rampe de fer, pour ne pas voir les spectres qui m’attendaient à coup sûr.    Pourtant, je parvenais toujours à dépasser le palier du premier étage (si je devais voir un fantôme, ce serait celui de ma grand-mère Mathilde, à la fois chéri et redouté), sans avoir vu ni être entré en contact avec le moindre suaire...   Arrivé au deuxième étage, j’étais sauvé. Ma famille était là, chaleureuse et bien vivante, Dieu merci.  Les morts, même les plus chers, restaient avec les morts.  Jusqu’à la Résurrection,  où nous nous retrouverions tous...