En effet, ayant appris l’anglais lors de ses séjours de travail aux États-Unis, le frère André a – dès les débuts de son ministère d’accompagnement, de prière et de guérison – refusé tout enfermement dans un carcan linguistique, culturel ou national. Il accueillait tous et chacun, indépendamment de leur race, de leur langue ou de leur culture. Son ami Adélard Fabre en témoigne : «Le frère André a passé sa vie à faire du bien à son prochain. Il se faisait l’ami de tous, le confident de toutes leurs peines. Il aimait particulièrement les pauvres et ne faisait aucune acception de religion ou de race.» (1)
Il n’est pas étonnant – dans le paysage actuel du Montréal métropolitain marqué par la diversité des races, des langues et des religions – que l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal accueille tous les ans des foules de personnes issues de toutes les couches de la société, de toutes races, dépassant même largement les frontières du christianisme. De plus en plus, des Chrétiens catholiques, mais aussi des personnes issues de différentes dénominations protestantes ainsi que de religion hindoue, sikhe ou musulmane, se rendent à l’Oratoire pour prier, faire silence et reprendre contact avec une dimension intérieure de leur être.
Le vaste attrait qu’exerce ce sanctuaire dédié à saint Joseph sur des gens venus de partout au monde, témoigne de la profondeur de la vision spirituelle dont était animé le frère André. L’héritage d’ouverture et d’universalité qu’il lègue cadre bien dans une ville où les frontières du sacré se redéfinissent en ce début de XXIe siècle.
Si l’ancrage chrétien et catholique du thaumaturge du Mont-Royal ne fait aucun doute, il est remarquable de constater que ses interventions s’appuient sur un socle d’authenticité spirituelle et d’ouverture, qui ne connaît pas d’exclusions. Son message n’est pas teinté d’étroitesse religieuse. Ainsi, à une femme qui exigeait d’être guérie, en récompense de sa ferveur eucharistique, il demande si le bon Dieu lui devait quelque chose. Elle répond : «Oui, je vais communier tous les jours.» Et lui de répliquer : «Si le bon Dieu vous doit quelque chose, allez donc le collecter vous-même. Je ne suis pas chargé de faire la collection pour le bon Dieu.» (2)
Il est bien attesté que le saint frère recevait aussi bien des protestants que des catholiques, ou encore des Juifs ou même des francs-maçons, dans son petit bureau du Mont-Royal (3).
Aussi, on a souvent dit que le frère André faisait de l’œcuménisme par simple bon sens, mais en fait, il me semble que cela découlait de sa profonde expérience de Dieu. Par l’universalité de son accueil, il décloisonnait les frontières du sacré, et ouvrait à une fraternité fondée sur une commune humanité et – avant tout – sur la vérité des cœurs. Ainsi, un témoin rapporte cette guérison étonnante d’un non-catholique :
«Le frère André m’a rapporté un jour, en revenant d’un voyage aux États-Unis, qu’un prêtre lui avait demandé d’aller voir un malade qui appartenait à la franc-maçonnerie. Le frère André lui montra une médaille de saint Joseph et lui dit que beaucoup de personnes avaient été guéries en se frictionnant avec cette médaille. Le frère André se mit à le frictionner, et à un moment donné le frère André sentit que le malade lui passait le bras autour du cou. Il continua à le frictionner et le malade devint mieux.» (4)
(à suivre)
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(1) Cité dans: Dubuc, Jean-Guy, Le frère André, Montréal, Fides, p. 149-150
(2) Ibid., p. 156-157.
(3) Lafrenière, Bernard, Le frère André selon les témoins, Montréal, Oratoire Saint-Joseph, 1997, p. 35.
(4) Ibid., p. 35.