Il était né d’une putain et il en était fier. Le petit connaissait bien sa mère. Il n’avait même qu’elle. Et il l’aimait. Personne ne pourra dire le contraire. Il en parlait tout le temps, c’était sa lumière, son héroïne. Avec son père, c’était une autre histoire : une histoire courte.
Le combat avait cessé d’être larvé le jour de ses dix-huit ans. Chacun pense en son for intérieur ce jour comme celui où tout bascule. Mais c’est sans compter sur les désillusions qui surgissent dès le lendemain, et s’accumulent. Un fils de putain, c’est différent des autres fils. Un fils de putain, il sait ce que valent les yeux d’une mère. Un fils de putain, il sait ce qu’un père en fait baver à une petite maman, à sa petite maman. Alors le jour de ses dix-huit ans…vlan…un coup de couteau dans le ventre et c’en fut fini du père. Ce ne fut pas plus compliqué que cela pour lui. Fini les larmes, les cris, les bleus et les passes. Ce qu’il ne savait pas en revanche, c’est que ce n’était pas sa mère qu’il avait délivrée ce jour là. Un coup de couteau ne délivre pas du passé. Un coup de couteau ne fait que trancher la chair du présent, du réel. Ce coup de couteau l’avait délivré, lui, le petit qui voulait être grand. Après ce déchirement, la voie lui était libre. Du haut de ses dix-huit ans, le meurtrier avait encore une chose à accomplir.
GG