Dans le fond de mon 5ème rang de X. La patte croisée sur mon divan. Devant le feu de foyer qui s’éteint parce que j’ai oublié de remettre une bûche, avec le chat qui me ronronne en dessous du nez et le chien qui soupire sa vie, je me demande. Pourquoi je me sens loin?
Ok, je suis obligée de faire 45 minutes de route pour travailler ou voir mes amis. Oui, il arrive que je doive pelleter les fenêtres pour voir dehors. Mais j’ai une vie pleine. J’ai la chance de vivre tout près d’une ville universitaire effervescente. Je participe à mille activités culturelles.
Mais voilà, j’ai envie de connaître des gens neufs, constamment. D’entendre des voix nouvelles qui me diront le monde à travers elles. J’ai épuisé le plaisir d’éplucher les chroniques. Bien qu’elles continuent à m’interpeller, elles ne m’offrent pas ce dont j’ai cruellement besoin : les autres. Les vrais autres de chairs. Ceux qui palpitent devant moi. Qui clignotent. Ceux dont une phrase de moi fera bifurquer le discours, ou provoquera un éclat de rire. J’attends d’être bouleversée, stimulée! J’veux m’obstiner! Être obligée de me contredire parce que quelqu’un a changé ma vision du monde.
Lire ne fait pas ça. Lire permet de rencontrer l’idée de l’autre, l’intériorité de l’autre. Le monde à travers lui. Mais la cristallisation n’est pas la même. Elle est moins dynamique.
Ben oui j’ai des potes dans la ville d’à côté! Et même ici dans mon petit village. Je les adore, ne me lasse jamais de les voir et leur serai éternellement reconnaissante d’être mes amis! Et évidemment ils ont une conversation intéressante et stimulante.
Pourtant, des nouvelles idées pour me brasser le camarade, ça fait toujours du bien! Des nouveaux visages dont je ne connais pas encore les expressions. Des nouvelles vies pour m’émouvoir. Des nouveaux souffles pour me rafraîchir, j’en suis insatiable. Et soyons tout à fait honnêtes, des nouveaux hommes pour me troubler.
Je ne sais plus où chercher tout ça. J’ai couru et cours encore les événements culturels. Les seuls bars ici, sont des piscicultures à douchebags sur lesquels je n’ai qu’à jeter un regard pour savoir que notre conversation se résumera à : «Gne».
C’est ça qui me manque de la ville : la diversité. L’inépuisable diversité.
Alors je fais quoi? Je me résigne et je lis des chroniques en ayant de temps en temps un soubresaut de désespoir qui me fait «hurler» sur twitter : Osti qu’j’chus loin! Pis si ça fait pas, j’enfile mes raquettes, je traverse le chemin et je vais me défouler une heure dans le banc de neige en courant derrière le chien!