Pour ce mois, décembre, je n'ai pas vu les jours passer et me voilà à quatre jours de la fin. A vrai dire, il y a bien une raison si les choses se sont passées ainsi, j'ai fait beaucoup de choses, plus que je n'ai fait depuis des mois.
J'ai enfin réussi à céder à cette envie (qui s'avère plus une nécessité) de sortir de chez moi, quitter mon univers qui devient de plus en plus pesant par sa monotonie et aller étudier ailleurs, dans une petite bibliothèque à la médina de Tunis. Au début je comptais aller à la bibliothèque nationale, mais c'était un peu loin, et puis, je l'ai trouvé trop luxueuse pour moi, et je préfère un endroit moins compliqué et plus intime.
Cette bibliothèque que je fréquente est la bibliothèque el-Khaldounia. Elle se trouve au fond d'une ruelle près de souk el-Attarine. Elle est calme et surtout a un charme bien particulier. J'y trouve tout ce qui me faut, l'envie pour lire, l'inspiration pour écrire dans mon journal et le plus important l'envie et la motivation pour étudier. Parfois, je plane en contemplant les étagères garnies de livres et je me dis, un jour, je sortirais d'ici avec ma thèse dans les mains.
Ce que j'aime aussi, c'est ce voyage quotidien que je fais pour arriver à la bibliothèque.Quand on est étudiant et qu'on a des cours à rattraper, on est généralement pressé, alors en se réveillant chaque jour la seule pensée qui nous anime c'est d'arriver à l'heure et d'éviter par tout les moyens le retard. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas pour moi. Je prends tout mon temps. Le trajet dans le bus ou le métro me plaît. Je regarde les gens, je les observe puis je regarde les rues, ce défilé de voitures et de gens, ce flux de paysages urbains, ça change tellement par rapport au paysage figé que je regardais 24h sur 24h à travers la fenêtre de ma chambre. Il y a de la vie dehors, et c'est ce qui me manquait le plus, la vie, le mouvement, les gens, même le bruit.
Bref, arrivée à place Barcelone, je parcourais les rues. Chaque jour je prenais un chemin différent pour arriver à Bèb Bhar, puis je traversais le rue de la mosquée Zitouna et cinq minutes après je me trouvais déjà installée pour commencer le travail :')
Autre chose que j'ai fait, j'ai enfin réussi à aller voir une psychologue. C'est ce "pas" que je voulais faire depuis longtemps mais qui, inconsciemment, me faisait peur. Au fond de moi, je pensais que demander de l'aide pour affronter un problème ou quelque chose qui me dérange est un signe de faiblesse, ça veut dire que je n'ai pas pu m'en sortir par moi même et je me forçais à nier ce fait. D'ailleurs, je ne sais par quel miracle mes pieds m'ont amené jusqu'à cette dame. Mais qu'importe, l'essentiel c'est que je me suis enfin retrouvée dans son bureau.C'est toujours le premier pas qui est difficile et j'ai réussi à le faire. Le reste viendra. Pour l'instant je me contente de parler, et parler, et peut être que je trouverais mes réponses, que je comprendrais mieux. L'aventure m'emmènera peut être là ou je veux aller.
A part ça, ma soeur est rentrée de Paris pour une semaine et on s'est éclaté comme des folles. On avait l'impression que nos journées se prolongeaient et que la semaine a duré beaucoup plus que sept jours.Une fois rentrée, j'étais un peu perdue. J'ai retrouvé mon pc, mes articles et ma thèse mais il y'avait la culpabilité en plus. C'est vrai que je me suis reposée pour une semaine mais ce n'était pas une excuse pour expliquer le fait que je n'ai pas avancé. Je ne peux m'empêcher de voir la chose de cette façon. J'arriverais peut être un jour à être moins exigeante avec moi même.
Et pour remédier à ça, il n'y avait pas de meilleur moyen que de reprendre mes bonnes habitudes, réveils matinaux, voyages en bus ou en métro puis quelques heures à la bibliothèque. J'ai profité de mes après midi pour voir quelques amies aussi.
Voici donc le bilan. Pour le moral, des hauts et des bas comme toujours mais ce qui est sûr c'est que mon rythme de vie a changé de 180 degrés, et je me plais bien pour l'instant.
PS: J'ai boycotté télé, radio et internet pendant tout ce temps et à mon retour je trouve le chaos total. La Tunisie, la foule qui se mobilise pour de vrai, pour une cause, je croyais que ça ne pouvait plus arriver mais voilà que je me trompe. Il reste encore un peu d'espoir pour ce peuple.