Je roulais en voiture.
Les courses, évidemment.
Je l'avais bien prise, ma séance d'emplettes.
Un ami pouvait venir dîner.
Tout dépendait d'un autre ami, qui lui avait demandé de réparer sa machine à laver.
Non, tout ne dépendait pas de l'autre zig, mais de la gravité de la panne.
Bref, je croisais les doigts pour que mon poulet ne me reste pas sur les bras.
Oui, j'avais fait comme si, pour mon ami, c'était gagné.
Reste que j'attendais, en même temps, sa confirmation : il devait me passer un coup de fil.
Au fond de moi-même, je sais bien qu'on ne force pas le destin.
Surtout en achetant un poulet.
Je roulais donc en voiture.
Ding dong ding.
Où est mon mobile ?
Moi, je suis au volant.
Ding dong ding.
Mais où ai-je fichu mon mobile ?
Ding dong ding.
Ah oui, dans ma poche.
Je continue à regarder devant moi en tâchant d'extraire mon mobile à temps.
Parce que si mon ami hésite, pour ce soir, mon idée est de tenter de le convaincre, d'où le poulet. Il est à côté, je lui décrirai.
Là, la vie a accéléré.
J'ai décroché et j'ai évité une mémé sur le passage clouté.
J'ai commis une erreur : ne pas regarder qui m'appelait.
Mais je voulais infléchir le destin.
On m'a hurlé dans les oreilles que je pouvais me connecter et patati et patata et zim bam boum et, enfin, que l'affaire allait me coûter moins d'1€ la minute.
Un camion m'a klaxonné, je venais de griller un feu rouge.
Et vous croyez que je suis plus avancé pour ce soir ?
Non.
Mon ami n'a pas encore téléphoné.
Il est gonflé tout de même.