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André Chedid | La vieille mourante

Publié le 08 février 2011 par Angèle Paoli
«  Poésie d'un jour

LA VIEILLE MOURANTE

Coffrée dans ton lit-cage
Livrée aux mécaniques
Vieille  ô si vieille
La mort hésite à t’accueillir

Tête burlesque
Sous les vrilles des cheveux blancs
Un sirocco de rousseurs ensable ta peau
Des rides rapiècent tes joues
Ta bouche n'est qu’un puits

Tu happes l’air
Ton cœur perd substance
Ton horizon se détisse
Ta chair t’engloutit

Vieille ô si vieille
Où sont ceux qui t’aimaient ?
Ta route fut trop longue
La mort les a surpris
La vie les a rongés

Une main est pourtant là
Qui recouvre la tienne
Son toucher traverse
Tes brumes d’agonie

Une voix t’accompagne
Vers le lieu sans âge
Que le temps n’assiège plus
Laisse tomber tes défroques
Quitte en douceur l’enclos

Va à perte de vue
Rejoins l’ultime flotille
Qui cingle vers l’inconnu.

Andrée Chedid, Territoires du souffle, Éditions Flammarion, 1999, in Andrée Chedid, Au cœur du cœur, Poèmes choisis et préfacés par Matthieu Chedid et Jean-Pierre Siméon, Librio Poésie, 2009, pp. 90-91.



■ Andrée Chedid
sur Terres de femmes


L'Autre
→ Épreuves du langage
→ L’île
→ Les nuages
→ L’Œil
→ La source des mots
→ « Les traversées poétiques d’Andrée Chedid »
→ 20 mars 1920 | Naissance d’Andrée Chedid
→ le portrait d'Andrée Chedid dans la galerie Visages de femmes (+ un poème de Territoires du souffle)



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