Magazine Journal intime
De l'amour des vieux auteurs
Publié le 09 février 2011 par ClaudelJe l’avais commencé parce qu’une amie nous l’avait passé et que j’aime les gros livres. Après avoir beaucoup apprécié le livre que l’auteur, Elisabeth George, avait pris la peine d’écrire sur son métier d’écrivain, je voulais voir si elle appliquait les règles prônées. C’est ainsi que j’aurai pris plus d’un mois pour lire le gros pavé Mémoire infidèle.
Oh! que oui, elle applique les règles prônées dans son livre sur l’écriture! Malgré bien des abandons, faute de temps, j’y revenais presque chaque matin, preuve que l'auteure avait le tour de retenir son lecteur. Après quelques chapitres, j'étais un peu mêlée entre le journal d’un personnage et la narration de l’histoire comme telle, j’ai été fidèle à ma (mauvaise?) habitude, et encore plus quand il y a tant de pages et que je n’ai pas tant d’heures à consacrer à la lecture, j’ai été voir la fin. Ça ne m’a rien appris, j’ai reculé, j’ai feuilleté, je lisais une page ici et là, à la recherche d’un nom, me contentant des dialogues. J’ai trouvé. Peine perdue, l’auteure expérimentée m’a complètement eue : j’ai dû lire quand même tout le livre pour comprendre. Même si j’ai passé, je dirais, 200 pages sur 620, surtout sur la vie de ses inspecteurs qui ne m’intéressaient pas (quelques lecteurs l’ont écrit de ne pas commencer par ce livre parce qu’on ne connaît rien de Havers, Nkata ni de l’inspecteur Lynley), je dois dire que j’ai bien aimé ce roman, à peine policier. L’auteure a réussi son coup de m’intéresser.
Pour le suivant, en attendant les livres commandés à la bibliothèque, j’ai descendu au sous-sol. Je voulais une lecture différente, mon regard s’est attardé à la collection brune, cartonnée que j’ai achetée en… en… au siècle dernier! Ma mémoire (fidèle cette fois, contrairement au titre du roman que je venais de terminer) a dirigé ma main vers Vipère au poing de René Bazin. Livre que j'ai bien dû lire cinq fois depuis que je l'ai (en passant blogue intéressant sur cet auteur>>>).
J’ai trouvé difficile de lire les premières pages tellement le style différait de mes lectures des derniers mois. Mais j’ai persévéré, justement pour dompter mon esprit, varier mes lectures, lire d’autres styles. Pendant quelques lignes, je me suis cru aux études quand on passait un siècle de littérature par année et une seule pour la littérature québécoise.
C’est justement pour me rattraper que je me cantonne aux auteurs québécois depuis de nombreuses années, mais je suis pourtant toujours ravie et comblée quand je renoue avec les Français et encore plus avec les Français qui ont écrit entre 1880 et 1920 (j’ai mis des années comme ça au hasard). Il ne faut pas les oublier trop vite, il ne faut pas penser que ce sont des vieux démodés. Ne lire que des « contemporains », c’est comme se contenter de voyager en Amérique, certes agréable mais il y a d’autres pays qui offrent d’autres trésors.
Bref, imaginez-vous assise confortablement, au chaud, le concerto pour violon en mi mineur, op 64, no 2 de Mendelssohn en sourdine, un cappuccino sur la table que vous venez de déplacer dans votre salon pour justement y déposer votre boisson favorite et vous plongez dans un roman. Vous savez que vous ne répondrez pas au téléphone, qu’il n’y a aucune émission de télévision qui viendra perturber vos neurones et encore moins votre nerf auditif… voilà comment je me sens quand je lis un roman qui a du vécu! Un roman québécois, un roman policier encore plus, je peux le lire n’importe où. Je pourrais être vêtue d’un jean et d’un maillot bien ordinaire. Lire de « vieux » classiques, on dirait que c’est comme m’endimancher. Visiter un musée. S'ils étaient humains, je les vouvoierais.
Finalement, c'est peut-être comme dans la vie: une marque de respect pour les plus vieux que nous? C'est fou, je sais! En tout cas, je constate au moins que j'aime beaucoup ces « vieux », je les écoute avec délectation et je ne me lasse pas de leurs histoires.
(Illustrations empruntées à livre.fnac.com et lexpress.fr)